Venus par les cales des navires,
les hommes « meubles »,
comme les nommaient les textes, furent enlevés à leur terre d'Afrique,
soumis comme les indiens du Nouveau
Monde.
Un nouveau monde attendait ses hommes
sombres de peau,
égaux de cœur et éclairés jusqu'alors
de leur culture.
A eux, point de promesse de
connaissance,
de promesse d'une vie meilleure
ou d'un paiement en or sonnant et
trébuchant.
Voués à la servitude,
à la rudesse de l'homme qui s'enrichit et
soumet par la force,
ces hommes « meubles » ne purent
qu'accepter ce destin de labeur sans dignité, ni statut, ni identité.
L'île d'Hispaniola en pleine mer des
Caraïbes était une réserve de beautés,
des beautés rares et exotiques qui
valaient fortune,
café, indigo, tabac, canne à
sucre
qui poussaient avec abondance.
La belle Hispaniola fut disputée à la France et l'Espagne,
avec l'Orient pour le second,
avec l'Occident au premier.
Les hommes « meubles »
continuèrent de travailler dur, de penser liberté.
Leurs générations futures porteront le nom
de cette propriété qui les verront grandirent, n’obéissant qu'aux cris,
au plein rendement des plantations,
aux coups de pieds,
aux coup de fouet
si les pas se perdaient au delà de la
vue des propriétaires.
De la Révolution Française aux batailles de
Bonaparte,
ces hommes « meubles » furent les
grands oubliés de 1789 nous dirent les livres,
à l'adoption des Droits de l'Homme et
du citoyen.
Un homme « meuble » n'est pas un citoyen,
encore moins homme.
La voix de Voltaire et sa Déclaration
restèrent veines
pour la considération de ses pauvres
diables esclaves à la peau très sombre,
toujours exploités par un vide juridique
tandis que se disputaient les
nouveaux avantages les blancs insulaires et les blancs métropolitains ou
les métis et autres noirs moins noirs
libres face à leurs aînés d'ébène.
Au fil des négociations qui n'en finirent
plus de leurs 2 à 3 années de tergiversation,
la liberté resta exclusive,
elle vint pour certains affranchis,
qui avait fait leur temps.
Avec ce temps,
François DominiqueToussaint Breda surnommé
Louverture,
un ancien esclave,
sut que le temps des hommes
« meubles » étaient enfin arrivés.
Ce nouveau propriétaire de couleur voulait plus pour son île d'Hispaniola
d'occident, plus pour les hommes noirs.
La liberté et l'entière indépendance
allait devoir se gagner par le croisement
des fers,
par l'épée qui se lève,
par les chaînes qui se brisent...
: Certains ont peut-être entendu parlé de
Toussaint Louverture
sans en connaître le rôle important
dans l'histoire de l'île d'Haïti,
l'ancienne Hispaniola.
Les touristes connaissent sans doute
d'avantage sa face Est espagnole,
la fameuse République Dominicaine.
La république d'Haïti, sur la partie Ouest française,
a une histoire des plus fortes,
riches.
Au travers de l'histoire de Toussaint
Louverture,
l'auteur Yves Pinguilly retrace l'histoire
coloniale de la République d'Haïti
jusqu'à l'obtention de son indépendance.
Toussaint Louverture est un des grands
meneurs de cette révolte insulaire,
qui fait suite à l'histoire d'insurrection
révolutionnaire.
Elle rendra une justice attendue, donnera
l'équité à tous ces noirs dont le destin ne bougeait pas d'un statut de
servitude ou de demi-citoyen par manque de précision administrative et
considération.
Le propos de Pinguilly est intéressant
devant les faits historiques,
sans concessions vis à vis des noirs
ou des blancs,
une vérité ni noire ni blanche dans sa
multiplicité de métissage qui s'installe dans un système dont les mentalités
restaient figées dans le temps malgré la promulgation de certaines lois,
qui créent encore plus de disparités par la
multiplication de sous-classes d'individus sans modifier la norme.
La peau blanche étant ici le repère
de valeur, de beauté et de respect.
Il y eut également des esclaves blancs, on
le découvrir avec ce titre roman fiction documentaire.
Si Louverture se montre pugnace pour
l'indépendance de son île,
le récit nous le montre aussi comme
un personnage de son temps,
un affranchi parfois dur et
impitoyable
vis à vis des esclaves qu'il employa
lui-même sur sa propre propriété.
For heureusement, sa valeur militaire
permit toutefois au prix de sa personne d'établir la République d'Haïti.
Le récit est dense,
peut-être un peu aride, pour des grands
ados,
plus documentaire abrégé que fiction
loisir.
Les ados férus d'histoire pourront
cependant entrer dans une page d'Histoire intéressante sociologiquement et y
voir un peu plus clair dans ces discours sur la mémoire de l'abolition de
l'esclavage.
C'est un véritable outil pédagogique,
évitant le pathos,
apportant une compréhension du contexte et
des différentes revendications des parties avec la Déclaration des Droits de
l'Homme.
Le fameux Code Noir, base connue pour régir
les droits des propriétaires blancs sur leurs esclaves noirs est à la fin, dans
son intégralité.
Un propos universel sur la Liberté à
découvrir,
vraiment.
TOUSSAINT LOUVERTURE ?
Zotizo naît le même jour que Doli Kôli l'éléphanteau
et l'on s'attend à une aventure magique
et puis, contre toute attente,
une réalité fracasse le décor.
ces éléments déchaînés sur le village auraient pu être l'oeuvre d'un dieu vindicatif, d'un sorcier maléfique
et pourtant, il n'en ai rien.
enfants embrigadés.
Dans cette réalité, les éléphants également se montrent sans défenses à plusieurs titres.
et ses parents l'instruisent de la triste réalité,
que les hommes peuvent être cruels aussi.
avec Djonimama la mère de Zotizo réconfortant sa famille et la forêt,
pansant les maux de ses quelques mots de mère.
Elle a pour origine la mort d'un éléphant tué par des villageois dont la mission officielle était de le protéger, lui et les siens.
Mais ces villageois avaient trop faim...
La guerre tue aussi les écoles, on le sait.

DES AUTEURS
Coll. FIL ROUGE
2013
(Gd format: 2001)
9782746734463
A PARTIR DE 8 ANS ET +
Extrait video:
http://www.ina.fr/video/1961880001
« Issa s'était arrêté à deux pas de Fati.
Il la regardait d'assez près pour voir ses yeux.
Il s'exclama :
- Mais, que s'est-il passé ? Tu as lavé tes yeux dans le ciel ? »
En effet, depuis que le petit poisson Sonson remercia de deux de ses écailles la jeune pêcheuse aveugle pour l'avoir relâché,
le ciel s'était désormais logés dans les yeux de Fati.
La petite fille pouvait à présent y faire entrer le monde,
un monde qu'elle connaissait du bout des doigts
et dont la présence venait lui chatouillait chaque jour de façons si diverses les narines.
"C'est magique!",
pourrait s'exclamer son ami fidèle Issa.
Il est heureux, rayonne comme le soleil au dessus de sa tête.
Mais de cette magie-là, le village n'en veut pas.
La magie apporte le mauvais sort.
La petite fille noire aux couleurs de ciel ne peut rester dans le village.
Fort heureusement,
son camarade Issa ne la laissera pas fuir seul.
Comme l'on dit, l'Amour donne parfois des ailes.
Des ailes qui les emporteront loin du malheur
mais des ailes qui annonceront un jour leur retour.
: Voici un autre titre de la nouvelle collection « Fil Rouge », une redécouverte d'un album de Yves Pinguilly et illustré d'une touche lumineuse tout en pastels par Florence Koenig, aux tons aussi chauds que le soleil et les terres d'Afrique.
Le texte de Pinguilly est poétique,
doux amer comme un carré de chocolat fort de cacao.
Une sorte de conte où tout est possible,
où la nature est vivante et parle aux hommes comme dans certaines traditions du grand continent noir,
où la générosité est récompensée, où la force de l'amour permet de contrer les méchancetés et donne droit à la différence.
Les adultes auront sans doute dans l'esprit le triste destin des enfants albinos,
entre autres, victimes de la superstition.
L'auteur nous démontre que la différence trouve sa place dans l'amitié et l'amour le temps d'une histoire, peut-être que la magie de la nature s'en ait mêlé, qui sait.
Elle annonce en tout cas le retour des jeunes amoureux, héros qui se sont trouvés,
se parant de plumes de nuit et d'un regard d'azur qui charment le village.
Les esprits changent,
les regards aussi
et celui de Fati ne trouvera plus de doigts pointés.
Une très belle écriture.
et la très grande fleur se tourne vers l'astre de jour,
pour le saluer et marquer cette nouvelle journée.
au cœur si grand qu'une abeille y trouve désormais son sucre quotidien
et sa maison,
voit passer la petite Nkosazana et le petit Dylan.
Chacun à son cartable,
deux petits et un grand.
à l'heure des parents.
devant sa toute petite maison encaissée entre les grands immeubles et pleines de chats.
Nkosazana fait le portrait de la grande fleur qui semble résister à l'action du temps et de la modernité.
sur l'école et la rentrée
dont on peut ou non tirer les compartiments et livrer son message d'égalité,
de fraternité
et de liberté
en fond d'histoire d'Afrique du Sud.
les deux enfants vivant dans un autre continent, loin très loin, vont à leur premier jour d'école comme ceux et celles qui liront leur histoire.
simples,
avec des vis à vis d'images qui permettent de comparer et souligner les éléments fondamentaux en commun,
Yves Pinguilly se montre extrêmement pédagogue sur les premiers apprentissages autour de l''égalité des sexes et des races auprès des petits.
Filles et garçons jouent ensemble,
Les papas viennent chercher et emmener les enfants,
une forme d'équité représentée très éducative.
les jeunes lecteurs s'étonneront de diverses choses posées comme singulières,
qui au fil de l'histoire, seront démontrées comme tout à fait simple et ordinaire.
Une bonne leçon sur la différence, auprès des petits.
L'école rendant hommage à Nelson Mandela est un clin d’œil symbolique ici et un bel hommage à la bonne volonté et à la paix entre les hommes.
les enfants noteront des petits détails, le taxi bien différent des nôtres en France.
Un autre niveau de lecture plus mature nous fait remarquer la tradition qui se retrouve dans les vitrines avec les masques et les statuettes.
Les gratte-ciel se multiplient au point que dans l'histoire il ne reste qu'une petite maison qui survit à la modernité.
Une réalité qui nous est peut être aussi inconnue, nous adultes lecteurs.
Qu'arrivera -t-il lorsque la fleur unique ne pourra plus trouver son soleil, caché par les hauts immeubles ?
L'auteur parle donc aussi d'écologie.
et pourtant si riche à différents niveaux.




DE L'AUTEUR
















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