LA FOURMI ROUGE/ ÉMILIE CHAZERAND

SARBACANE

2017

978248659985

A PARTIR DE 16 ANS

: L'adolescence, ce triste jeu de roulette hormonale.

Tu sortiras de ta chrysalide, touché par la grâce ou..la graisse sur les cuisses.

Vania se le dit, se le promet, elle sera pour sa rentrée en seconde une fourmi rouge.

Poussée, par un mail au correspondant anonyme et mystérieux, à se révéler à elle-même, à enfin se distinguer de la masse comme le font ceux et celles de son âge, Vania ne sait par quoi commencer.

Ça la met en rogne. Cette année de Seconde n'est pas un bon début d'éclosion.

Ca pète même comme un bon bouton purulent.

Comment espérer faire la différence, quand on porte le nom d'une protection féminine accolée à un nom de pâtisserie?

Ça ne la dérangeait pas avant ses 15 ans de faire parti d'un club de "losers" autoproclamé, tant que ses meilleurs amis Victoire( une petite beauté, avec des problèmes de sudation importantes) et Pierre Rachid "Pirach" en faisait partis. Alors qu'est-ce qui a changé?

Pirach. Il sort depuis l'été dernier avec ce poison de Charlotte, celle qui lui en fait voir des vertes et des pas mûres toute sa jeunesse, sur son oeil mi clos, sur ses cheveux à la fausse allure huileuse.

Qu'est ce qu'il y a de pire dans tout cela?

De se sentir trahie, qu'il est choisi l'autre? Mais pas que, nous nous en rendons compte.

Il y a trahison, oui, Pirach est revenu de ses vacances transformé, bâti comme un athlète, la puberté lui a fait du bien.

Et à elle? Elle lui réserve quoi la puberté?

Un humour mordant, caustique, un esprit clairvoyant, certe. Mais ça ne se voit pas toujours sous l'oeil mi clos. Et cette pensée de subir finalement son club pour la première fois et de s y trouver seule. Ca donne la rage.

La vie est une vraie pouf#, pourrait-elle grogner.

Comme cette poupée Barbie de Charlotte.

Et à partir de là, c'est l'éruption massive.

Le personnage ne peut que se tourner vers tous les couacs qui jusqu'à présent n'étaient qu'exotisme, cela lui brûle les yeux tellement ça pique. Le regard ado ne lui fait plus voir les choses sous le même angle.

Et son père taxidermiste qui conduit une auto.en forme de chien, tout ça...

Son amie Victoire tente de dégonfler la baudruche ( au sens littéral du terme) et remet un peu de sourire dans une injustice devenue flagrante depuis ces 15 ans durement assumées.

Derrière ce petit pic d'humeur, l'auteure nous fait revenir sur le cas de la mère de Vania.

C'est volontairement confus car tout n'est pas encore dit, voir nié par Vania elle-même.

Il serait temps que Vania dépose enfin son énorme carapace et qu'elle envisage, oui, les choses enfin autrement, en grandissant.

Heureusement pour elle, le plus beau gosse du lycée sera assis à ses côtés en classe (il va sur ses 18 ans en seconde mais, le verre à moitié plein, il est vraiment très beau) et Vania commencera à s'envisager comme une proie féminine possible au fantasme.

C'est donc ça, cette réalité du désir et de la séduction? Que c'est nul... que c'est bon...

Le moins que l'on puisse dire, chers lecteurs, c'est que Vania ne pratique pas la langue de bois.

Probablement que dans une autre vie elle fut lanceuse de couteaux.

La fourmi rouge, vous dis-je.

Emilie Chazerand manie l'irrévérence très très caustique avec style, ce qui apporte du plaisir des mots, jonglant avec les poétiques et les familiers.

Vania a du fond, de la densité, de la justesse aussi, Pirach également.

Un vrai duel de caractère. Qui a quitté l'autre le 1er?

Qui a transgressé le pacte d'amitié éternel en grandissant?

Cette Vania avec son rentre-dedans, certains l'ont déja parmi leurs copines. Elle est drôle, incisive, maladroite mais sans doute qu'elle en a ras la franche d'être l'éternelle bonne copine.

Grands ados, lancez-vous dans ce roman tonique pour savoir ce que le destin peut lui en promettre.