CELLE QUI VOULAIT CONDUIRE LE TRAM/ CATHERINE CUENCA



TALENTS HAUTS
COLL. LES HEROIQUES
2017
2362661547
A PARTIR DE 16 ANS


: Un autre titre ado sur la condition de la femme par Catherine Cuenca.
Certains jeunes lecteurs, devant l'éventuelle redondance, pourraient s'en lasser.
Et pourtant, c'est très intéressant et surtout, inspirant.

Pourquoi insister, hormis la passion du sujet?
Si vous vous êtes régalés avec "l'Assassin du Marais" avec la tentative historique des femmes de se faire élire à l'assemblée Nationale, vous devinerez que l'auteure joue aussi sa casquette de passeuse de grande Histoire, celle qui plante la graine, celle qui prépare.
Les futures lectrices ne seront pas prises au dépourvu, elles seront peut-être déja galvanisées d'une belle énergie de rétablir les équilibres comme leurs héroïnes et réduire les disparités sociales.
Qu'Alice Leroy et les Quatre Filles du Docteur March prennent garde, il y a de nouvelles héroïnes dans la place!

Revenons tout de même sur "l'Assassin du Marais, XIXème siècle, où inclure une femme à la tête du pays, quelque soit la fonction, était anti-constitutionnelle, non naturelle selon certains arguments avancés du livre.
Dans " Celle qui voulait conduire le tram", nous sommes dans la France d'Après-guerre( la seconde) au début du roman, nous reparlons des suffragettes, de ces femmes qui militent pour obtenir le droit de vote.
Voici où nous en sommes, au moment de l'histoire de Luce.
Luce va être le moyen pour l'auteure de souligner un paradoxe de l'histoire ( vous comprendrez).

Notre jeune héroïne apprend le décès de son oncle Célestin. 
Luce a aussitôt une pensée pour sa tante Agnès et nous ignorons depuis des années ce qui a bien pu advenir d'elle.
Luce a sa petite idée sur le lieu de sa nouvelle "retraite" et compte s'y rendre, ce qui nous permettra à la fin de l'aventure de boucler la boucle, comme on dit.
Avec les pensées de Luce, c'est un retour dans le passé, dans celui d'Agnès. 

Nous sommes cette fois à la fin de l'autre guerre( la première).
Comme les autres femmes, Agnès attend le retour de son époux mobilisé mais n'a pas pour autant chômée durant son absence.
Comme beaucoup, il a fallu remplacer les hommes partis combattre.
Certaines avaient arrêté l'école tôt mais certains postes laissés vacants étaient mieux payés.
Aussi Agnès se proposa en tant que receveuse du tram( contrôleuse de billet). Mais attention!
Avec le poste qu'on lui proposa, il y avait en plus la conduite de l'engin.
Un vrai défi.
Mais d'autres avant elle l'avait fait, alors pourquoi pas elle?

Nous suivons donc un de ces personnages féminins qui tentera de se dépasser malgré une époque peu favorable à l'émancipation féminine et c'est intéressant de voir que dans cette crise, finalement, une femme est bien reconnue aussi capable qu'un homme, puisqu'il y a des besoins et une urgence placés au dessus des préjugés.

Suivant cette logique où dans l'urgence il n'y a plus rien à redire, tout le monde s'y fait et notre Agnès rayonne déja de s'épater elle-même de son audace et de raconter tout ça à son époux quand il rentrera.
C'est une histoire touchante, très humaine que celle d'Agnès.
La 1ère Guerre arrivera à sa fin et au lieu de se réjouir complètement, la jeune femme craindra hélas aussi de revenir à sa vie d'avant, à l'usine payée deux fois moins qu'au tramway et qu'un homme.
Les remerciera t-on toutes bien poliment pour redonner du travail aux hommes de retour?
Dans quel état d'esprit seront-ils après ces épreuves loin de chez eux?
Célestin, démobilisé pour une blessure au pied, n'est plus le même, c'est certain et Agnès souffre de ne pouvoir le retrouver comme avant.
Une tragédie émouvante, une belle victoire aussi à côté de cela.
Un chouette portrait de femme.





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DE L'AUTEURE:





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CATHERINE CUENCA



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