BLANCHE-NEIGE/ FRERES GRIMM, ALEXANDRE AFANASSIEV, ALEXANDRE POUCHKINE, GAËL AYMON ET ILLUSTRE PAR PEGGY NILLE





NATHAN
COLL. ALBUMS NATHAN
2018
2092579266
A PARTIR DE 6 ANS



: Cette nouvelle version du conte de "Blanche Neige" est étonnante.
Au revoir, la Marâtre!

L'auteur Gaël Aymon adaptera des frères Grimm certe mais aussi d'Alexandre Pouchkine et Alexandre Afanassiev, offrant ainsi donc une alternative sensiblement originale au conte d'"origine".
On ne sait si cet autre destin de Blanche Neige n'est pas pire que le classiquement connu toutefois.

Ici la Mère de Blanche Neige n'est jamais morte! (youpi!)
Ici c'est elle qui en veut au fruit de ses entrailles d'être plus belle qu'elle. (Quelle horreur!)
Et c'est donc elle qui réclamera le coeur de la belle pour preuve concrète de son éviction. 
Elle ne se tournera pas vers un chasseur pour la tâche de confiance, mais plus directement vers un époux qui semble avoir des difficultés à lui refuser quoi que ce soit pour la rendre heureuse.

Dans la version de Gaël Aymon, le roi ne raccompagne pas sa fille dans les bois, il lui indique le chemin à prendre, cela évite de choisir et cela donne du piment à l'histoire, de l'émotion.
Nous vous entendons d'ici, jeunes lecteurs, fustigeant ses horribles parents qui forcèrent cette Blanche Neige a fuir le jour de son mariage. (Comme c'est romantique!)
Le miroir est vraiment au coeur de l'intrigue et en plus, c'est une "grosse balance", comme disent les jeunes : "Vous êtes belle, Majesté. Cependant...en bas de la montagne, au coeur de la forêt, derrière le pont de bois, dans la maison des nains, Blanche Neige est plus belle que vous..."
Non, vraiment, ce miroir n'a rien de décent à nous enseigner.

Cette version a un élément essentiel au supplément d'âme car si dans les contes, c'est le destin qui fait intervenir les princes charmants, dans cette histoire-ci, c'est l'Amour indéfectible.
Elysée, le fiancé éconduit, est celui qui aimera Blanche Neige du fameux amour sincère célébré par les contes, le seul de l'entourage de la princesse qui ne l'abandonnera pas, même aux confins de la forêt.
Elle est pas belle cette histoire?


 "le Conte de la Princesse morte et les sept chevaliers", la version du russe Pouchkine, est encore différente, elle sera postérieure à celle des Grimm de 1812 parue dans "les Contes de l'enfance et du foyer" selon les sources du Wiki. 
La marâtre gardera sa place de méchante de l'histoire, mais ici pas de chasseur non plus. 
Belle-maman chargera cette fois une servante très attachée à la princesse de la conduire dans la forêt pour qu'elle y soit dévorée par les loups. 
La malheureuse domestique n'est pas loin de notre "Cendrillon souillon" avec son surnom "la noiraude". Blanche Neige y est aussi déja fiancé à un jeune prince, Elisseï, nom que nous retrouvons dans cette version de Aymon avec le prince Elysée.

L'élément commun à ces versions, le miroir. 
Les contes en font un révélateur, d'âme parfois, objet à qui l'on se confie, ses secrets, il est le conseiller cosmétique du lourd chantier de construction de l'image quotidienne. 
Nous le connaissons dans Blanche-Neige dans son rôle pervers, dans sa représentation symbolique de l'orgueil, souvent mis à l'honneur dans les peintures de Maîtres pour cette signification un peu négative. Il est la tentation, le poison qui s'immisce doucement dans l'adoration des jolies choses matérielles qui nous placent au-dessus de notre entourage et de toutes nos croyances. 
L'ennemi juré de l'humilité dans certains mythes.
C'est donc le "Miroir magique qui parle" qui jouera les coachs de vie avec la mère de Blanche-Neige et lui inspirera le manque de confiance.
Un jour elle n'est plus au top et c'est sa fille qui a pris sa place.
Nul besoin d'en dire plus dans ces histoires pour comprendre que la perspective du temps qui passe est douloureuse pour les héroïnes qui se sentent en compétition avec leur propre fille.

Une version intéressante et fraîche qui devrait plaire aux amatrices d'histoires de princesses.
Mais ici, pas de couronne, Blanche Neige dans sa robe fleurie est presque plus moderne et les jeunes lectrices pourront s'y reconnaître.
L'illustratrice Peggy Nille signe son style dans les images, apportant un soin au charme décoratif. 
Ces albums habituellement très colorés, trancheront un peu avec ce conte, où la couleur est une touche délicate et parcimonieuse dans un décor entièrement de noir et de blanc.
Elle offre également des clins d'oeil aux versions russes, on le remarque dans le décor de la mère et le costume de celle-ci.
Un conte charmant.







****************


GAËL AYMON




AUTEUR




****************

CE QU'ILS EN DISENT?



Commentaires