MATIN BRUN/ FRANK PAVLOFF ET ILLUSTRE PAR ALEXANDRA GRELA

CALLICEPHALE

2018

9782369630494

A PARTIR DE 9 ANS

: Une bonne surprise chez Callicéphale et en Kamishibaï, de surcroît.

Nous, grands lecteurs, nous rappelons bien de cette sortie très remarquée, en 1998,

de ce texte fort, dédié à la Jeunesse visant à prévenir plutôt que guérir et surtout, pour que les jeunes générations n'oublient pas si un jour cela revenait.

Par une métaphore presque amusante qui se teinte en réalité d'un humour satirique grinçant à hauteur d'enfants, Frank Pavloff usera de pédagogie pour faire entrer le jeune public dans une logique toute tordue qui divisa le monde et fit beaucoup de victimes un temps.

Nous, les grands lecteurs, savons également que l'intention de l'auteur composait aussi au présent,à l'époque, que cette parution sortait dans une perspective électorale frissonnante, dans la peur d'un parti politique peu fédérateur et xénophobe élu au pouvoir un jour.

Le "Et si" prend des proportions ridicules et pourtant terribles ici.

Comment expliquer aux jeunes publics la honte humaine?

Comment l'innommable et l'impensable à pu se développer sans que personne n'ait vu venir?

Mais n'avions nous vraiment pas vu venir?

Tous ces questionnements prennent sens avec une nouvelle bien écrite et bien pensée, douce mais à l'issue implacable, les jeunes lecteurs ne souffriront pas de la violence du couperet qui s'abat et la fin de l'histoire nous scotchera.

Cela offrira surtout du suspens aux jeunes lecteurs qui se poseront des questions sur cette folle mésaventure parti d'un processus pourtant démocratique.

Les élections, n'est ce pas un moyen de satisfaire chacun?

Dans le Bien commun, y a t-il tout le monde compris?

Bref, de l'Anticipation avant l'heure de pouvoir en lire.

C'est pour ces raisons qu'une adaptation illustrée semble une bonne idée, un autre support disponible et adaptée pour approcher un mécanisme de pensée un peu difficile de prime abord, que certains jeunes ne comprendront pas toujours avec le vote des grands.

L'histoire.

"...Charlie et son copain vivent une époque trouble, celle de la montée d’un régime politique extrême l’État brun.

Dans la vie, ils vont d’une façon bien ordinaire : entre bière et belote.

Ni des héros, ni de mauvais garçons.

Simplement, pour éviter les ennuis, ils détournent les yeux.

Sait-on assez où risquent de nous mener collectivement les petites lâchetés de chacun d’entre nous ?..."

Cela pourrait être aussi transposé par une réalité dans le cour de récré ou dans la rue, des règles de vie morale en société pour les enfants, si je détourne les yeux sur quelque chose qui me semble injuste, qu'est ce cela fait de moi?

Est-ce que je n'en subirais pas les mêmes injustices un jour?

Dans la fiction donc, cela commence par les chats, trop nombreux. On choisit de ne choisir que les bruns. On disait que les autres véhiculaient des maladies aussi, que les bruns mangeait moins, coûtaient moins, qu'ils s'adaptaient mieux à la vie citadine.

Puis les chiens.

On ne garda que les bruns, jugés plus résistants et pour sauver l'économie.

Et ainsi de suite. Le fil de pensée devient fantaisiste et ceux qui cachent leurs animaux non-bruns sont punis, ceux qui avaient un chien d'une autre couleur se voit réprimander, parfois dénoncés.

La folle aventure fait boule de neige jusqu'à en arriver au genre humain.

Imaginez donc dans votre quotidien, ce détail aussi insignifiant soit-il prenant des proportions afin de respecter une idéologie bancale, détruisant parfois les amitiés.

Les héros détourneront-ils le regard lorsque les milices viendront chercher un proche?

Un titre incontournable à l'âge requis.