LA PRISONNIÈRE DU BROUILLARD/ GUILLAUME GUÉRAUD ET ILLUSTRÉ PAR DAVID SALA

CASTERMAN

COLL. LES ALBUMS CASTERMAN

2015

9782203091047

À PARTIR DE 9 ANS

: Nous sommes toujours fan de l'illustrateur David Sala.

Pas d'association poétique et philosophique pour enfants avec l'auteur Jean-François Chabas cette fois. C'est Guillaume Guérand qui se saisira de la plume.

La première de couverture de " La prisonnière du brouillard" n'annonce pas vraiment de contes merveilleux,

elle suggère un frisson frais et cette jeune fille aux lèvres d'un rouge carmin nous rappellera plutôt une reine des glaces ou une princesse de Transylvanie.

Faudra t-il la délivrer d'un danger en ouvrant ces pages ou se préserver de la croiser?

Le titre nous informe tout de même qu'elle est une prisonnière du brouillard. Nous serons nous aussi dans le flou.

En nous engageant à petits pas dans l'histoire, nous constaterons en effet qu'il se profilera plutôt un peu de conte frémissant.

Le Lac Clameur de l'histoire a une terrible réputation, les rumeurs de ses profondeurs et de ses abords sont chargés de supersititions et de mauvaises légendes.

L'auteur jettera dans cette atmosphère de la beauté avec ses mots, contrant d'avance une lourdeur ambiante qui aurait pu nous peser.

"Son eau est empoisonnée! disait ma grand-mère.

Elle flétrit les fleurs et rend ivres les bêtes qui la boivent...".

Bref, il est clairement déconseillé de s'y promener, d'y pêcher, de s'y baigner.

Et pourtant un jeune personnage,

plus inquiété de récupérer son cerf-volant qui lui a échappé, se précipitera vers la forêt qui borde le lac.

Dans les forêts sombres très sombres, on se perd toujours, me rappelais-je d'autres légendes et contes.

Le jeune garçon pourrait être en panique.

" Je n'ai pas tremblé. J'ai fait une provision de cailloux plats..."

Ce petit connait ses classiques.

"... et je me suis tranquillement posé contre un tronc d'arbre déraciné, sur la berge, pour faire des ricochets..."

Flûte!

Les illustrations colorées pleine de grace, toujours d'un charme décoratif de David Sala nous accompagneront sur les pages tournées. C'est beau. Alors pourquoi devrions-nous avoir peur?

Même l'apparition au travers du brouillard sera belle.

C'était la fille d'un empereur disait-on.

Son triste destin de fantôme destinera évidemment et immédiatement le niveau de l'histoire à un public en âge d'écouter de terribles mythes et légendes parfois cruels.

Les histoires de baignades dangereuses ne nous emmèrenont plus seulement vers les sirènes de contes, nous entendrons aussi parler à cet âge de destins mélancoliques et d'horribles noyades provoquées par de tristes et grands chagrins.

L'art de l'illustration et de la grande peinture nous renverrons souvent pour l'exemple à la célèbre "Ophélie" de la pièce tragique de William Shakespeare dans " Hamlet".

Si un fantôme mandait votre aide pour la délivrer de sa malédiction, vous lanceriez-vous dans cette quête?

Point négatif:

Les fantômes peuvent être des menteurs, surtout ceux des lacs.

Point positif:

Délivrer le fantôme pourrait aussi libérer le lac de sa brume inquiétante, libérer les poissons, rendre service aux pêcheurs, ramener un peu de sérénité en faisant disparaitre la légende.

Êtes-vous un héros ou une héroïne dans l'âme, chers jeunes lecteurs?

L'histoire est courte mais elle créera son petit effet.

C'est une affaire de courage et d'empathie qui nous feront ressentir autant que trembler, de la crainte au désir d'amour ( si si, vous verrez).

C'est romantique et peut-être pas une triste fin, d'autant plus au travers d'un jeune garçon qui gagnera sans doute son tout premier baiser.

On a aimé.