LES VOYAGES DE GULLIVER: DE LAPUTA AU JAPON/ JONATHAN SWIFT, BERTRAND GALIC ET ILLUSTRÉ PAR PAUL ECHEGOYEN
SOLEIL ÉDITION
COLL. NOCTAMBULE
2020
9782302072657
À PARTIR DE 12 ANS ET +
: L'aventure commencera rapidement ou plutôt semblera se poursuivre en définitive, puisque Gulliver s'entretiendra chez lui avec un certain personnage Robinson concernant un dernier voyage chez les Liliputiens et semblera dire, ceci en vue d'une nouvelle expédition vers la fortune. Vraiment?
La nouvelle destination ne sera pas moins mouvementée que la première que nous connaissons et les hommes n'arriveront pas encore à contrer les forces de la nature en bateau.
Gulliver est-il incorrigible?
Mers et vents se déchaineront encore comme si l'homme n'avait pas sa place au milieu de ce décor, l'envoyant couler par le fond ou voler au loin comme une mouche têtue.
C'est sur de nouveaux rivages que le pauvre Gulliver ne pourra plus tenir la promesse faite à sa famille: revenir au plus vite (et ben oui, il fallait s'y attendre).
Bienvenue à Laputa, cité volante maîtresse des archipels - de toutes celles qui seront à découvrir par la suite sur les étapes de Gulliver vers le Japon- , cités des cités, cité de la musique et des sciences en outre.
Par la suite, Bienvenue Gulliver à Lagado, capitale du dessous, sublime, assujettie, labyrinthique et lieu des arts.
D'autres viendront car le chemin sera long jusqu'au Japon puis jusqu'à l'Europe du retour.
Avec le temps et les pages tournées, Gulliver viendra à se perdre dans une quête philosophique plus que de fortune à trouver avec tous ces us et coutumes différents des siens.
Les auteurs nous offriront une SF du XVIIIème siècle.
Il sera assez amusant de voyager dans cet univers moderne de nombreux nantis de l'imaginaire et de la culture.
On y lira encore entre les lignes que l'homme non éduqué, un peu frustre, est certe capable du meilleur comme du pire mais que l'homme dit civilisé et instruit le sera tout autant, imposant, dictant ses lois sur le bien et le mal. Les rencontres permettront de mettre tout ceci en lumière pour Gulliver et pour nous, lecteurs, glorifiant tout du long la portée de l'invention humaine sur la nature, sa puissance, sa lutte et sa victoire, avec un reflet de l'intelligence artistique, scientifique. L'homme est grand.
Le récit illustrera aussi pourtant, sans grandes démonstrations, que l'intelligence des éclairés est aussi capable d'y voir son avantage, d'y voir toujours un intérêt, d'accueillir d'une étincelle dans l'oeil l'idée très tentante de s'élever aux dessus des autres et d'en tirer profit.
Ca sera le projet de Laputa sur les autres cités colonisées.
Triste scénario.
Nous pourrons comparer Laputa et Lagado sur le point social et philosophique où les contraires s'opposeront, où l'obscurantisme pèsera d'un oxygène dense, fera frissonner d'un froid spirituel glacé, sauvage et mordant..
Pauvre peuple de Laputa.
La cité fera astucieusement réfléchir.
L'un des habitants de Lagado racontera à Gulliver que les habitants prônant l'Académisme du savoir par goût seront mis au ban de la société face à d'autres qui comme des provinciaux montés à la capitale céleste, se laisseront tourner la tête et imposeront leur nouvelle vision qui sera référence sur les colonies, cherchant de nouvelles pistes de lecture du monde à imposer plus qu'à suggérer.
Une triste image du monde civilisé.
Nous jouerons sur quelques idées reçues et vérités habilement introduites mais inversées.
" ...la tyrannie de l'Absurde, de la dictature de la bêtise, nous ont mis au ban de la société. On nous menace. On voudrait nous faire disparaitre...".
La perspective nous offrira une histoire inversée, à celle de l'idée nouvelle, dans le domaine de l'Art notamment, où il fallait toujours lutter de tous temps pour être, lutter pour aborder d'autres repères et éviter de mourir dans l'oeuf.
Depuis l'époque du Moyen-Âge, l'histoire nous le dit, l'Art était le média somptueux d'un pouvoir en place, il devait rester académique et ne pas se réinventer, garder ses repères. Il ne devait servir que la foi religieuse, c'était ainsi.
Ainsi, inverser la situation en imposant une conception nouvelle tyrannique est amusant.
Cela dégagera l'idée que le problème dans les deux cas serait de fait dans l'opinion imposée, celle dans la répression et l'interdiction, celle qui ne s'adapte pas.
Le récit est donc d'une dimension plus fine qu'attendue, très pensée, adroite et à multiples lectures.
Ceci permettra d'élargir la lecture de la BD à un plus large public, jeune, ados et adultes.
Gulliver nous amusera de son air bien embêté, juste de passage et qui devra tuer le temps forcément en apprenant, le temps de revenir chez lui.
Côté réalisation graphique.
Nous ne savons pas comment l'auteur Bertand Galic et l'illustrateur Paul Echegoyen ont travaillé.
Devant un tel découpage de précision, nous les imaginons se réunissant, crayonnant et décidant au fur et à mesure de chaque vignette, visualisant la nouvelle adaptation écrite et bâtie pour la BD de la célèbre aventure de Jonathan Swift.
Qui du regard, d'un geste, d'un plan rapproché ou d'une scène ample du décor, sera le plus approprié pour aider à raconter de la deuxième façon: avec la suite d'image.
Le travail de l'image est incroyable de couleurs, d'un soin proche du pictural, retravaillant presque selon notre oeil un style graphique nous rappelant un peu de l'Émile Bravo et la transformant en une collection de tableaux de maitres, post-renaissant du XVIIIème siècle.
L'épaisseur de la peinture cèdera à la finesse de l'encre.
C'est vraiment la première accroche et c'est sublime.
La couleur dira beaucoup.
Elle sera étouffée par de la grisaille, de l'obscurité, des ocres poussiéreux. Une tempête d'événements approcheront.
C'est un bon moment de lecture.
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JONATHAN SWIFT
AUTEUR
https://www.babelio.com/auteur/Jonathan-Swift/7008
ET
BERTRAND GALIC

AUTEUR
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CE QU'ILS EN DISENT?
https://www.babelio.com/livres/Galic-Les-voyages-de-Gulliver--De-Laputa-au-Japon/1265612
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