L'APPARTEMENT D'UN SIÈCLE D'HISTOIRE RUSSE / ALEXANDRA LITVINA ET ILLUSTRÉ PAR ANIA DESNITSKAIA









LIBRAIRIE DU GLOBE

2018
9791095454250
12 ANS ET +







: Un siècle qui s'écoulera dans un appartement russe.
L'expérience existait déja pour visiter l'histoire de l'humanité ou son XXème siècle à travers les transformations d'un lieu puis d'un habitat avec des titres comme " La maison" de Roberto Innocenti ou " Une ville au fil du temps", " Une cité au fil du temps", " Un port au fil du temps", " Une ferme au fil du temps" , "Le Nil au fil du temps", de Anne Milliard et Steve Noon ou " La Chine au fil du temps" par du Fei (Tous chez Gallimard Jeunesse).

" L'appartement, un siècle d'histoire russe" est une idée d'Alexandra Litvina et Ania Desnitskaia, publié chez Libairie du Globe.
L'aventure devrait être intéressante et riche.
La Russie aura connu les tsars et les monarchies, les révolutions, l'ambition et la conquète avec l'URSS, dissoute aujourd'hui, les suspicions avec la Guerre froide contre les États Unis conccurents (au 1er qui obtiendra la marche sur la lune, l'arme nucléaire, pour devenir l'état reconnu le plus compétitif et puissant).

Quid de la réalité des habitants russes?
Comment vivaient-ils si son pays était selon lui l'un des pays les plus puissants?
Il sera, oui, intéressant, avec l'histoire mondiale que nous connaissons et les participations de voir comment ce tourbillon fou des vanités se vivait par le commun des mortels russes. La Russe, c'était un mode de vie entretenu et sacré, comme l'Amérique avait le sien. C'était politique.

Pour suivre ce fil du temps, nous descendrons des branches de l'arbre généalogique d'une famille (voir les 1ères pages).
En observant les noms (les patronymes " le nom du père" étonnamment se conjugaient d'un A pour les femmes d'une famille, l'avez-vous vu?
Alors avant de nous lancer, nous avons chercher un peu :
Allo le Net?
"Comment fonctionne les noms de famille en Russie ?
Le patronyme correspond au prénom du père, complété par la terminaison –ovich ou –evich pour les hommes et –ovna ou –evna pour les femmes"
https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://www.sem.admin.ch/dam/sem/fr/data/rechtsgrundlagen/weisungen/weitere/laendermerkblaetter/russland_f.pdf.download.pdf/russland_f.pdf&ved=2ahUKEwjH8reB57yEAxW0cKQEHRIED3kQFnoECA8QBQ&usg=AOvVaw1l4OqdMfRZOIHvrUEhR8qL

Amusant non?
De la sorte, comme une marque de respect, remplaçant aussi l'usage des monsieur et madame, les enfants porteront le prénom du père transformé avant le même patronyme et nous pourrions nous amuser pour voir en prenant le prénom nous aussi du père en y ajoutant le Evitch ou le Ovna russe (c'est en quelque sorte "le fils et fille de" signifiés : les premiers personnages du livres sont le père : Ilya Stepanovitch Mouromstev et son épouse : Elena Nikolaevna Mouromsteva. Il est donc le fils de Stepan et elle est la fille de Nikola, le nom adopté d'Elena se conjuguera aussi au féminin ).
Il en sera de même pour les noms de cultures approchantes, comme la famille tchèque, mais uniquement avec la transformation du nom du père en patronyme conjugué.
https://francais.radio.cz/les-ova-des-noms-de-famille-au-feminin-3e-partie-8586388


Place à présent au propos du livre et frappons à la porte de ce logis typiquement russe.

Nous démarrerons l'aventure en 1902, c'est une nouvelle vie et un emménagement pour cette famille bourgeoise composée du père, la mère, la fille ainée Irina, le cadet Nicolaï, la benjamine Maroussia, la tante qui vivra avec eux et à un niveau au dessous, le personnel de maison.
On se demandera sans doute quel est l'emploi d'Ilya Stepanovitch Mouromstev. Nous le saurons 12 ans plus tard, double-page suivante, en 1914 et la famille suivra la guerre de loin mais parlera pour l'instant avec distance de l'effort de guerre.
À chaque bond dans le temps, c'est un membre nouveau qui nous fera profiter de son regard plus éclairé.
Nikolaï (1914) : " Maroussia et moi avons rassemblé dans une tasse tout notre argent de poche pour la Croix Rouge ... J'ai aussi arrêté la grande poupée allemande de Maroussia pour espionnage. Je voulais la fusiller, mais Maroussia a éclaté en sanglots..."
( https://www.google.com/amp/s/fr.rbth.com/histoire/80721-histoire-croix-rouge-russie/amp)

La narration du livre est prenante, alternant entre épisode familial et double-planche d'explications, nous remettant dans le contexte historique de fond, souvent dramatique.
Le procédé efficace et facilement assimilable rappellera l'excellente collection " Quand papa, maman, papy ... avait mon âge" (autrefois chez Autrement Jeunesse, reprise chez Saltimbanque Éditions).
Nous noterons que pour cette famille ça ne sera que le début d'une longue descente, avec l'attente et le retour du père de la 1ère guerre car s'en suivra la Révolution russe, la montée au pouvoir d'un mouvement ouvrier et la chute de la monarchie.

On le lit, les citoyens devront marquer le changement et l'adhésion à la cause en s'appelant les uns les autres "camarades" (tu es mon frère et mon égal, en d'autres termes mais aussi " À bas les richesses individuelles").
On stoppe les grosses machines et les usines seront interdites.
Ironiquement, avec la stagnation économique d'après-guerre et le rationnement qui n'envisagera pas de redémarrage immédiat sur le principe de la diabolisation d'un ancien régime qui s'enrichit et se corrompt, la nouvelle répartitions des "miettes" iront aux ouvriers et les bourgeois récolteront ce qui restera.
Ils ne seront plus, comme pour les Mouromstev, une priorité pour la nation puisque beaucoup d'entre eux ne travaillaient pas, hormis le père.
Peu à peu, on le voit, le petit personnel deviendra des voisins et chacun cherchera un nouveau travail.
La belle-fille de la cuisinière deviendra conductrice de tram en 1927 (on notera une émancipation de la femme surprenante et celui des transports).

Le livre ne se montrera pas toujours explicite, il est pour les enfants mais il saura poser ici ou là des choses curieuses qui forceront les questions à poser à un adulte.
Ça sera tendu mais pourtant intéressant, de réaliser comment à tâtons une république de gens, qui n'étaient pas tous faits pour diriger un pays, prendra les choses en main et devra s'en remettre à sa seule compétence prolétaire et subir sa logique pour avoir raison (pas de réouverture des usines mais la tolérance des petits commerces). Ils devront se réinventer avec ce qu'ils savent, ne faire prospérer le pays qu'avec les produits du sol et de l'élevage.
La modernisation viendra très lentement, nous dira t-on pour suivre la logique du mode de vie sain à la russe. Mais il faudra bien produire plus et du beau temps dépendront les riches récoltes.
Et puis finalement, on se réinventera en urgence, devant le problème de la pauvreté, l'état imposera de mutualiser le travail pour répartir les fruits à sa façon: c'est obligatoire.
C'est d'une ironie noire : les libérateurs de tyrans sous la pression donneront d'autres tyrans.
Toute contestation, nous dira t-on, se verra sévèrement réprimée (le crime contre l'État est passé sous les armes) .
Ces éléments peu optimistes feront du documentaire évidemment un ouvrage de référence pour des pré-ados d'environ 12 ans, les réalités historiques ne sont pas gaies mais elles expliqueront bien d'où sera partie la triste actualité russe de nos infos.

La coupe de l'appartement nous permettra de profiter de l'élégance de l'appartement, la scène principale (au début) et des actions des différents personnages en même temps.
Avec le temps, les privations en chauffage et nourriture, l'entassement des familles sous un même toit (car les enfants des enfants auront des enfants), le tableau de l'appartement deviendra plus sombre et désordonné.
Il reprendra de sa superbe en 1991, que ce sera t-il passé depuis dans le pays? Ça sera à découvrir.













VOIR AUSSI :



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ALEXANDRA LITVINA
AUTEURE


ET


ANIA DESNITSKAIA
ILLUSTRATRICE


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