D'EUX
2022
9782924645765
16 ANS ET +
( À RÉSERVER À UN PUBLIC AVERTI)
: " Missié", quel drôle de mot, forçant la moquerie pour les uns et évoquant une histoire plus douloureuse pour les autres.
"Missié... monsieur", une marque de respect si mal négociée, tant bien que mal, dans un langage bredouillé tête courbée.
Ce n'était pas l'orthographe que l'on assassinait, à cette époque d'une Amérique bien après l'abolition de l'esclavage, à ne pas s'y tromper c'était bien des gens, jeunes lecteurs ados.
Le récit est court mais les faits seront violents, pas les mots de l'auteur mais cette réalité là.
On ordonnait du "Missié" à ses gens que l'on appelaient pas encore "immigrés" car c'était un statut social, pour des individus que, parfois, l'on respectait quand ils parlaient correctement la langue, ne mangeaient pas avec les doigts, ne dansaient pas comme des diables autour d'un feu, ne sentaient pas d'autres odeurs. Ces individus qui vivaient dans des cahutes, priaient d'autres dieux à demi nus, il y a longtemps, ne rentraient pas dans les statuts des gens civilisés avec des droits. Perdus loin de chez eux, on pouvait donc en faire ce que l'on voulait, les lois étaient faits ici pour les américains. Et malin celui qui ne saisissait pas sa chance de trouver un plus perdu que lui pour le faire travailler à sa place.
Ce roman nous ramènera à une triste époque en Amérique où des populations qui avaient longtemps profité de la servitude d'autres, les dégradant, les dépouillant d'humanité, refuseront de vivre en parfaite égalité avec eux encore longtemps.
On continuait donc de forcer des individus dont les ancêtres furent parfois vendus, à une marque de respect vis à vis d'une communauté de moins en moins éduquée mais qui croyait à juste titre avoir bâtie l'Amérique seuls de ses propres mains.
Pour écraser toute compétition sociale, du "Missié" même pour des enfants, tandis que pour eux c'était "Toi!... Va!...Baisse les yeux!...Demain je t'attends chez moi pour laver mon sol, ne me fait pas faux bond, ta famille a besoin de cette pièce de monnaie, sinon je te ferais chercher et ... "négro"! " .
Non, on ne dira plus aujourd'hui " Négro" en Amérique, c'est interdit, c'est devenu le "N Word" car l'histoire était bien trop lourde et qu'il fallait bien éduquer tous ces gens, 50 états d'Amérique, il fallait commencer quelque part pour changer les choses, là où on se refusait encore à appliquer la loi, à donner du travail à tout le monde et enfin une rémunération, à rendre du "monsieur" du "madame" équitablement.
C'est de cela qu'il sera question, jeunes lecteurs ados, de justice sociale, d'assassins, de haines farouches et d'une histoire pas si lointaine, d'un mode de vie à la solde de la sueur et du sang versé.
C'est l'histoire sudiste d'une bonne économie qui aura distillé dans son luxe et son élégance son poison.
L'image en 1ère de couverture est cinglante, seul le style de l'illustrateur Barroux nous permettra un peu de conserver de la distance: un jeune noir avec un chapeau.
Ce n'est hélas pas un chapeau et les grands lecteurs devineront le reste du siège en reconnaissant ce casque électrique.
" Missié" va remonter le temps et tenter d'illustrer comment les âmes blanches et pieuses pouvaient se justifier, supporter la pression des crises, le manque d'argent et de considération en se défoulant sur un jeune noir qui pouvait facilement finir pendu à un arbre ou jugé apte à recevoir la correction de sa vie: la condamnation à mort à la chaise électrique.
Un jugement de blancs, on le comprendra pour cette époque très rude. Et il y eut beaucoup de condamnation qui remplacèrent les "chasses aux sorcières". Dès lors qu'il y avait un vol ou une agression, on trouvait facilement un coupable pour apaiser l'opinion publique et continuer à remettre de l'ordre selon une majorité entendue. Le sort des mexicains viendra remplacer celui des noirs, car on oublie vite.
L'histoire, des romans, des chansons et des films répandront cette trainée d'injustice pour que les gens sachent: nous, nous sommes capables de cela.
À noter l'éternel " Stranges fruits" de la chanteuse Billy Holliday,
dernièrement une nouvelle version de "La couleur pourpre" par le réalisateur Sam Blitz Bazawule.
https://youtu.be/A3Qo7-kECyo?si=-VGrgfUtQ_BvJknE
L'histoire de Martin Julius Crow est véridique, c'est la véritable affaire de "George Junius Stinney Jr" rebaptisé.
"...
En 2022, dans Missié, Christophe Léon redonne vie à George Junius Stinney Jr., sous le nom de Martin Julius Crow Jr., en référence aux lois Jim Crow, maintenues dans les États du sud, de 1877 à 1964, afin d'empêcher les Afro-Américains d'exercer leurs droits..."
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/George_Stinney
Le récit de l'auteur Christophe Léon redonnera la parole à ce jeune comdamné qui ne l'aura pas eu et racontera comme si il pouvait enfin se tourner plus tranquillement sur son passé et aller de l'avant, ailleurs, avec son honneur rétabli.
Il va nous raconter la transmission, la "dette" de père en fils de la tête courbée et du "missié". Le père de Martin sera très dur mais ayant perdu un oeil étant enfant à avoir répondu à un blanc , il ne voudra pas que son fils s'imagine attendre une liberté qui n'arrivera pas et qu'il file droit ou bien sa vie sera courte.
Hélas, elle l'a été.
Martin Julius Crow est un livre qui racontera doublement une histoire, la sienne et celle d'autres qui finirent injustement assis sur cette chaise : la mémoire de ce jeune adolescent aura été aujourd'hui réhabilité.
Innocent.
Que c'est dur!
On le comprendra, que même un animal on ne le corrigerait pas autant pour qu'il comprenne. Ces titres forts sont des "lanceurs d'alerte" pour les prochaines générations, pour que ces histoires ne finissent pas enterrées avec les précédents "patriotes", que l'histoire soit sans fin et que l'on veille aux signes avants-coureurs.
Car au nom du profit et du confort, qui peut dire de quoi l'être civilisé est capable?
Avec ces histoires, on ne peut pas se tromper.
Ces récits permettront de ne pas se voiler la face, ceci est arrivé.
Un texte court mais percutant qui préparera les lecteurs ados à l'écriture des romans adultes.
VOIR :
LES STAGIAIRES DE L'E2C en reparle
https://www.youtube.com/@e2cNimes
L'E2C, l'école de la deuxième chance
C'est quoi l'école de la deuxième chance ?
Les écoles de la deuxième chance accueillent des jeunes de 16 à 25 ans qui sont sortis du système scolaire sans qualification, avec ou sans diplôme. Par exemple, des bacheliers éloignés de l'emploi.
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CHRISTOPHE LÉON
AUTEUR
ET
BARROUX
ILLUSTRATEUR
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CE QU'ILS EN DISENT?
https://www.babelio.com/livres/Leon-Missie/1416002
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