ROSAMÉE, T.1: LA TRAVERSÉE INTERDITE/ INGRID CHABBERT ET ILLUSTRÉ PAR ANTHONY BERNARD " BERNY"

DARGAUD

2024

9782205087093

À PARTIR DE 8 ANS

: Sa famille vit sur une île tranquille (les images de départ donneront l'impression d'une île d'escale et de ravitaillement avec la présence de gros navires près du rivage), le quotidien est sans nul doute très doux (peut-être trop doux et pas assez épicé d'inattendus?).

Gaspy, son meilleur ami (c'est un énorme volatile géant, cousin de la mouette), n'ignore pas que l'ambition de Rosamée est de quitter l'île (non pas quitter ses parents mais simplement voir le monde et acquérir de bonnes mises à jour sur les choses qui l'entourent).

Et, ce qui est au début de l'ordre simple du jeu, va finir par trouver son excuse, son urgence et se concrétiser.

Partir et affronter le monde!

Tandis que régulièrement l'oiseau tentera de la convaincre que sa place est sur l'île bien en sécurité, Rosamée ne pourra s'empêcher de râger devant les ailes de Gaspy qui lui offriront cette liberté qu'on lui refuse, sur son besoin irrépressible de quitter l'île à volonté, pour vérifier, explorer au besoin ce qu'il y a de curieux sur la ligne d'horizon.

Il reviendra toujours, Oui. La belle affaire (boude boude boude)!

Sauf que la dernière fois, il ne reviendra pas.

C'est forcément plus qu'inhabituel, c'est inquiétant. Non, il ne l'aurait pas abandonné.

Et Rosamée va alors faire de même.

Ne pas l'abandonner où qu'il soit.

Mais comment va t-elle se débrouiller pour quitter l'île et le retrouver?

Et ses parents?

Le personnage sera aussi têtue que déterminée, on le constate, apprenant avec les livres les bons cordages, comment bâtir un radeau.

Pauvre Rosamée.

Marre des "fais ce que je dis mais pas ce que je fais", Rosamée?

" La traversée interdite est un bon début.

" Rosamée" est une gamine rêveuse et espiègle, c'est accrocheur.

C'est une aventurière dans l'âme et de façon sûr aussi une boudeuse de compétition.

Quel drôle de monde!

Les illustrations de Berry sont superbes, à la croisée de l'animé manga et du Disney.

Rosamée parlera en plus aux oiseaux (ou bien sont-ce les oiseaux qui ne voudront pas la bouder avec un tel caractère et préfèreront parler au final notre langage avec elle?).

L'univers de Rosamée est joliment fantastique, frais.

Nous la comprendrons même si son jeune âge et son manque d'expérience la bercent d'illusions.

Elle donnera l'impression de fuguer.

La vie sur l'île est une vie simple et humble (même si il n'y aura pas grand chose d'ordinaire à ce que les animaux parlent avec beaucoup d'esprit dans notre monde à nous).

À hauteur de cette gamine, avec l'esprit plein de questions et d'imagination, la retenir au sol et lui demander de se raisonner, de ne jamais s'imaginer partir, de se contenter des descriptions des autres qui auront vu, sera une petite torture.

L'absence de Gaspy est une inquiétude comme une vraie chance d'aller regarder au delà.

C'est le début d'une quête qui nous intéressera, avec une Rosamée qui ne connaitra l'ailleurs qu'à travers les livres et qui devra le traverser en balayant ses appréhensions.
La fin du premier tome nous laissera dans l'expectative et nous nous sentirons basculer efficacement dans un conte labyrintique.

Bravo Ingrid Chabbert, on attend la suite.