POLTRON MINET, T.1: LA VOIE ROMANE/ MAYAN ET ILLUSTRE PAR MADD

DUPUIS

2023

9791034747412

A PARTIR DE 8 ANS

: Notre nom nous définit-il ?

Notre héros s'appellera Poltron Minet.

(Petit clin d'oeil amusant de l'auteure Mayen à l'expression usée "potron-minet", qui qualifiait avec élégance et formule le point du jour et l'heure des lève-tôt.
Oui, mais dans Poltron Minet, il y a aussi "Poltron", n'est-ce pas ?)

Poltron, vous savez ? Peureux, couard, pleurnichard...

Les humains, eux, gagnent leur nom à la naissance, parfois même plus tôt, pendant la grossesse de la maman, avant même qu'on les rencontre, quand il n'était qu'une idée ou qu'une petite graine (Comment ? Non, nous ne sommes pas tous des potron-minets).

Pour les animaux, c'est autre chose et vous en conviendrez.

C'est une convention humaine et les animaux n'ont pas besoin de nom.

Nous aurons besoin de les gratifier d'un "cachou", "noiraude", "cacahouette", "Minette" ou "Friponne", plutôt que d'un "hey, toi le chat" qui ne témoignerait pas très clairement de l'attachement tendre et sincère que l'on pourrait leur porter.

Le petit nom, c'est notre contrat d'amitié établi avec un animal que l'on aime bien, le nom deviendra "la signature de bas de page" et nous verrons par la suite, si ce contrat est accepté par l'animal,

parce qu'il nous aimera bien aussi ou

parce qu'il acceptera d'y réagir pour obtenir quelque chose de nous qu'il aime bien ("Pour une gamelle de fin gourmet avec de la sauce tous les jours, je pourrais bien m'appeler Mephisto ou Serpillière, que cela n'y changerait rien, messieurs-dames les maitres !").

Tout de même Poltron ? Ce n'est pas très gentil ?

Le pauvre chaton de l'histoire ne méritera pas son nom et c'est en basculant dans une autre sphère d'animaux qui parlent que celui-ci sera rebaptisé.

Pour sa maitresse très aimante, la petite Romane, il sera "Minet".

Et après avoir été abandonné sur son lieu de vacances, il sera devenu "Poltron Minet".

Reprenons du début,

les parents de la petite Romane la menaceront d'abandonner son chaton dans leur maison de vacances s'il n'arrive dans la minute pour le départ.

Et ce qui devait arriver arriva, Minet verra la voiture s'éloigner du haut d'une toiture...

Pauvre Romane, pauvre Minet.

Et c'est là que notre véritable aventure du livre va commencer, elle est fantastique !

On ne saura pas tout de suite si Minet déconnecté de ses humains se mettra à voir le monde animal d'une autre manière à cause de cela mais en effet, il y aura une différence : les animaux seront habillés, connaitront comme les humains la pudeur et porteront donc un nom...que dis-je, un prénom.

Leur nature définira leur nom et pour le reste, ça se passera au jugé rapide car qui pourra affirmer que Hardi Lapin restera hardi et que Avare Ecureuil ne deviendra pas plus généreux en grandissant ?

Bon et bien, toutes ses réflexions philosophiques n'aideront pas beaucoup Minet (rebaptisé "Poltron" parce qu'il a un peu paniqué devant un duo d'animaux marchant sur les pattes arrière et parlant comme des humains).

Comment retrouver son chemin (celui vers sa précieuse Romane)?

Certaines histoires racontent que des chiens et des chats ont eu ce courage là et les sens suffisamment aiguisés pour retrouver leur maison (celle de leurs humains). Nous vous renverrons vers "L'extraordinaire voyage du chat de Mossoul (raconté par lui-même) d'Elise Fontenaille et Sande Thommen (Gallimard Jeunesse).

Nous sourirons au fur et à mesure de l'aventure qui va gagner en épaisseur, avec ce Minet qui va se transformer aussi et se comporter comme ceux qui vont l'accueillir et le petit minet sur ses pattes arrière ne sera plus aussi petit.

Le monde animal n'aura rien d'ordinaire, c'est un monde communautaire et moyenâgeux où il faudra montrer "patte blanche" pour traverser les terres, il conservera sa chaine alimentaire autrement, transfomée en chaine du pouvoir royal (puisque les animaux n'auront pas le droit de se manger entre eux).

C'est original et bien vu, les illustrations de Madd nous ferons glisser d'un univers à l'autre, comme deux dimensions superposées, replaçant les animaux à leurs pratiques moins civilisées à chaque intervention d'humains dans la scène et dès qu'ils seront entre eux, nous constaterons que les animaux savent récupérer nos déchets pour en faire un "royaume" à leur taille.

Attention, cela va se chamailler ou griffer ! Les humains deviendront un sujet tabou, une influence perverse dont il ne faudra pas se vanter (nous ne serons pas très éloignés du roman de "la Ferme des animaux" d'Orwell dans une version plus tendre et mignonne).

Pour retrouver sa Romane, Minet ne sera pas si poltron, bien au contraire et les injustices ou comptes à régler entre animaux ne manqueront pas dans le royaume.

Un coup de coeur!