TOUS LES BATEAUX NE PRENNENT PAS LA MER/ GERMANO ZULLO ET ILLUSTRE PAR ALBERTINE

LA JOIE DE LIRE

2024

9782889086795

À PARTIR DE 8 ANS

: Certains parents pourraient être lassés de voir passer des titres souvent graves et dramatiques dans les sorties pour la jeunesse, ces parents ou même ses professionnels de la littérature jeunesse médiateurs n'auront pas le goût de tous les lire (normal) ou de le mettre de côté pour entrer dedans avec un enfant.

On le comprend.

La littérature jeunesse ne prévoira pas cependant de pauses anxiogènes pour le plaisir d'aborder avec les enfants des histoires d'adultes, on le comprendra aussi.

Il y a parfois des sujets épineux qui auront le vent en poupe, qui vont se multiplier car l'intention sera saisie par plusieurs auteur(e)s, éditions.

Comment s'en prévenir?

Ne pas tous les lire, évidemment mais en choisir un ou deux pour repérer un livre qui pourra convenir, nous sauver la mise le moment où les enfants pourraient se montrer très curieux sur le sujet. Comment l'aborder sans se montrer maladroit ? Faites-vous conseiller par des libraires, des bibliothécaires, n'hésitez surtout pas, eux filtreront les sorties pour vous et les jaugeront.

Non, nous ne voulons pas de quoi stresser les enfants, évidemment, mais parfois c'est en mettant les deux pieds dans le plat que l'on pourra prévenir de situations difficiles et permettre de libérer la parole des enfants sans danger.

Nous conseillerons aux parents et autres adultes intéressés par le sujet de le lire avant et de se l'approprier.

Ainsi il est possible de choisir les passages adaptés et d'attendre le bon moment pour aborder les autres.

"Tous les bateaux ne prennent pas la mer" parle de l'incarcération d'un parent et de l'absence au quotidien très dure.

Un thème fort et pas forcément dédié à un seul âge.

C'est bien un album jeunesse, d'une maturité plutôt "Roman illustré" comme l'on dit chez les bibliothèques, c'est une suite de correspondances familiales touchante, à travers le temps, c'est une relation à distance racontée et mise à l'épreuve avec un des deux parents incarcéré en prison.

Ce n'est pas le lot de tout le monde mais cela arrive.

Le papa est un fan de bateaux et enverra des maquettes en cadeaux pour conserver un lien avec ses enfants mais, l'histoire nous le dira, il faudra faire avec la sensibilité de chacun et sa capacité à pardonner. Parfois cela prendra beaucoup, beaucoup de temps.

C'est intéressant sur la psychologie des personnages et leur capacité à gérer la situation à chaque âge (il va ressortir de prison quand les enfants seront adultes avec des familles).

On peut le voir, la fille ainée très jeune va en souffrir, se rebeller jusqu'à l'âge ado et ne voudra plus recevoir les cadeaux du papa.

Le fils cadet plus petit aura besoin de conserver le souvenir du père, écrira avec l'impatience de le retrouver, et ce jusqu'à l'âge adulte (il y aura un après sûr, du temps à rattraper, c'est le souhait du garçon).

L'épouse sera en colère mais tiendra bon, prendra les décisions qu'il faudra pour préserver leurs enfants, sur les conseils des psychologues pour enfants.

Cet angle sera aussi intéressant, c'est une épouse abandonnée, une mère seule et elle devra gérer toutes les questions concernant les enfants.

Nous sentirons une évolution dans la relation et pour chaque personnage affecté hors de la prison: il faudra le temps, laisser passer tous les soucis inhérents à cette absence.

Les personnages se présenteront plus sereins quand ils auront trouvé le moyen d'aller de l'avant mais pas avant.

C'est un support précieux sur ce sujet pour obtenir des clés de compréhension, des moyens de faire passer des choses avec une histoire parfois sans parler, surtout si l'on est plongé dedans jusqu'au cou, d'y aller tout doux, tout doux.

Précieux pour libérer la parole des enfants en situation et rendre la chose moins honteuse. On en parle.

Idem pour les parents aussi, l'album ne fera pas l'impasse là-dessus, la situation aura un impact sur les adultes comme les enfants, à niveau d'individus, et sur le groupe familial qui va difficilement rester soudé.

La prison.

Des romans pour ados en parlent, même de celles d'ados dans des prisons pour ados.

Côté albums, on en parle aussi avec l'angle de l'absence, sans trop insister sur la "grosse bêtise" de l'adulte, de façon adaptée : le parent a fait une grosse bêtise, il ne vivra pas avec nous pendant un long moment et il faudra lui écrire (c'est mieux quand on est très petit de ne pas venir en prison).

"Tous les bateaux ne prennent pas la mer" de Germano Zullo et Albertine est à proposer à un public avec de la distance, cela peut être à partir de 8 ans comme à 12 ans par exemple ou plus.

C'est un album qui devrait tourner dans la famille et être proposé aussi au parent incarcéré, permettant ainsi à chacun de définir un peu ce que ressentent les autres et puis d'en parler.

Comment une famille pourra surmonter cela ?

Le discours conservera la distance qu'il faut et diffusera une bonne tendresse, une bonne écoute.