17 ANS À JAMAIS/ GAËL AYMON

NATHAN

2024

9782095033798

16 ANS ET +

: Le détail du miroir en 1ère de couverture sera important, son reflet plus précisément.

Nous ne serons pas dans du Oscar Wilde er son "Dorian Gray", mais pas si éloigné.

Pas la même époque, ce n'est pas une affaire de peinture, ni un pacte avec le diable, ni une affaire d'orgueil.

Bien au contraire, c'est un pacte d'amour et partagé, pour l'éternité, fixé dans un reflet...

L'idée est belle, romantique et forcément tragique, puisque si ce présent doit lier deux amoureux pour qu'ils ne s'oublient pas, c'est que le destin du livre décidera qu'ils ne pourront pas être ensemble...

1ère Guerre Mondiale, chez les civils, du côté de la Normandie.

L'héroïne Marthe a 16 ans.

Pendant que les hommes valides ayant 18 ans sont réquisitionnés sur le front pour battre les allemands ou les servir, les civils restants, les femmes, les anciens et hommes impotants, les jeunes ados, reprendront les affaires et les commerces, la vie doit continuer.

La pression deviendra plus tangible avec l'occupation des allemands, la réquisition de chambre pour abriter les soldats et puis les explosions qui se rapprocheront.

C'est dans ce contexte tendu que Marthe rencontrera André, 17 ans, enfant de l'Assistance publique et qui souffrira un peu d'avancer à tâtons sans avoir de nom.

Novembre, on l'aura baptisé, comme le mois où on l'aura trouvé.

Il y aura eu comme un coup de foudre du regard avant que cela se confirme en se fréquentant et qu'ils se connaissent. André est embauché par le père pour des travaux, ce n'est pas comme si il pouvait régulièrement s'inviter pour un thé, un café, un théâtre etc...

Le contexte n'était pas idéal et pourtant l'amour aura frappé à ce moment, où les allemands procédaient à des fouilles et des contrôles d'identité.

L'auteur précisera que Marthe aura remarqué les deux cicatrices sur les omoplates du jeune André qui se rhabillait. Comment ne pas imaginer des ailes arrachées, même si c'est impossible .

Pour Marthe, nul doute qu'il est un "ange" tombé du ciel dans ce chaos, l'espoir pour elle de connaitre l'amour qu'elle aurait goutter à son âge avec plus de libertés, d'occasions et de choix de garçons. Avec la guerre, les occasions seront rares et puis le voila!

Un lien invisible qui se tisse, à travers le temps et la distance.

L'auteur insistera aussi sur des moments d'embarras entre le duo lorsqu'ils se trouveront dans le même espace, aussi gênés que si ils se touchaient les mains.

C'est un autre temps, il y a la réputation.

Marthe l'envisagera en l'espionnant dans le reflet du miroir, lui la devinera jouant avec son propre reflet et leur secret commencera là, dans cet encart de verre.

Sur les premiers chapitres, cela ne donnera pas l'impression d'un roman fantastique mais plutôt historique et le jeu du miroir glissera la nuance, avec eux se rejoignant dans le même champ de vision du miroir à plusieurs occasions.

La véritable aventure va commencer.

Marthe fêtera ses 17 ans, frustrée de ne pouvoir se réjouir du passage vers la maturité comme l'ont fait les ados des générations passées.

Où est l'insouciance et la légèreté avec les allemands qui occupent la France et ses pensées?

Tout respirera l'acte manqué, surtout si André doit fuir loin de la ville la nouvelle réquisition officielle allemande qui obligera les plus de 14 ans à creuser dans les tranchées.

L'auteur Gael Aymon développera une psychologie intéressante chez Marthe avec cette idée : qu'est-ce qu'être ado à une époque pareille?

Et qu'est ce que l'on peut devenir si l'on pouvait tout recommencer? "Vivre plusieurs vies" et comparer?

Marthe aura au début un avis très tranchée sur les allemands avec les privations et les horribles pertes, s'opposant à son père qui lui fera subir une philosophie relative indécente selon elle, avec certains allemands innocents et qui n'auraient pas le choix que de suivre.

Il y aura aussi la pression des pensées du moment.

Elle reviendra de cela, avec l'éternité, l'expérience et la sagesse.

Et l'immortalité aura un goût bien amer sans ses proches, on le comprendra et on le ressentira.

Surtout sans reflet, ne sachant plus à quoi elle ressemble même si rien ne changera plus.

André sera quelque part avec, comme on conserve une photo, mais l'idée ne sera pas réconfortante sans espoir de le revoir.

Continuer d'avancer à l'aveugle.

L'atmosphère est romantique mais pas mièvre et Marthe aura tout le temps de prendre du recul sur ce que pensait les autres ou elle-même.

Où est André à cette heure? Cette année?

Quid de son reflet si André ne vivait plus 100 ans plus tard, encore jeune de 17 ans?

On aime bien.