L'ACADÉMIE DES SOMBRES MALÉFICES/ ARIANE GUÉZOULI

RAGEOT

2024

9782700283389

À PARTIR DE 12 ANS

: Une nouvelle académie de la magie.

Encore, comme l'on dit, du "Harry Potter".

Ceci ne dérangera pas forcément les jeunes lecteurs qui voudront retrouver une saveur incomparable, même si rarement égalée. Il y a des fans du genre.
Et, pour rendre justice aux auteur(e)s "magiques", il y aura bien eu un avant Potter et il y aura un après, indubitablement.

En attendant de révolutionner le genre, il peut y avoir des propositions à la "façon de ..." très réussies et captivantes.

Nous pointons du doigt "L'Académie des sombres maléfices" d'Ariane Guézouli.

Bienvenue à l'école privée de l'Archipel.

Chaque élève viendra d'une des îles de l'archipel, toutes liées par les quatre saisons.

Les facéties magiques et usages à mauvais escient viendront perturber et décaler au fil du temps leur micro-climat. Il y aura une écologie magique en danger, donc, à terme et la pratique magique sera vu pour les gens ordinaires comme une pratique irresponsable.

Si il n'y avait que cela craindre dans un terme plus courte.

Présentons cet univers!

Nous sommes dans les premières années du XXème siècle, dans un monde qui ressemblera au notre et qui accueillera sans souci la dimension magique comme chose naturelle, voire même comme un privilège social.

Les plus doués, les plus riches, pourront s'enorgueillir d'obtenir des postes plus passionnants et d'être des magiciens de métier, enchanteurs généralistes, spécialisés ou jeteurs d'incantations.

Notre jeune héroïne Willa aura cette chance mais en arrivant au pensionnat, déchantera peu à peu.

Elle est une élève sélectionnée, boursière mais si moyenne. Et la compétition scolaire, la pression sélective n'arrangera rien.

Sa voisine de chambre, Elvire, jeune fille d'un milieu modeste, au parler franc et à la coupe de cheveux en brindilles approximative, sera aussi plus douée qu'elle. Ce qui enfoncera le clou.

Pas sûr que Willa souhaitera s'en faire une amie et acceptera de se faire humilier par les élèves les plus privilégiées en la côtoyant? Pas sûr du tout même, d'autant qu'Elvire aura tendance à lui faire remarquer ses faiblesses en matière magique.

Nous serons tentés de prendre Elvire en pitié mais elle ne sera pas simple à prendre en sympathie, peu intéressée par le glamour féminin, elle n'aura besoin de personne, parfois irritante souvent sur la défensive pour ne pas se laisser distraire par les mesquineries.

Willa sera convaincue qu'elle devra travailler deux fois plus dure que d'autres tombés dedans quand ils étaient petits avec la cuillère d'argent, elle ruminera de ne pas occuper la même chambre que sa meilleure amie, une archicomtesse, Beatrix. Il y aura parmi eux aussi des princesses, comme Mariam, chacune brillante en magie et plus déterminée qu'elle sur les études, de quoi ne pas se sentir à sa place.

Le roman distinguera clairement un jeu de mépris et de pouvoir entre élèves, que les professeurs écarteront ou salueront volontiers.

Ceci n'est pas le danger premier à redouter, soyez en sûr.

Les adultes cacheront des choses et les enfants aussi.

Surtout les abandons surprises et incompréhensibles d'élèves qui ne seront pas de mauvais élèves. Tous les jours ou chaque semaine, un ou deux de plus sur le tableau des classements.

Avec la complicité de Samuel et celle de Mariam, princesse odieuse et soeur jumelle d'un disparu, Willa finira par laisser de côté ses angoissantes mauvaises notes pour se risquer à chercher les disparus. Risquant de contrevenir aux règlements de l'Académie en se déplaçant la nuit...

Mais au fait, jeunes lecteurs, qui est Samuel?

Élève facétieux renvoyé l'année avant l'arrivée de Willa, pour s'être jeté un maléfice (pour l'instant incurable) et qui aura mis en danger l'école. Pourra t-elle s'y fier sans crainte?

Il y aura tant de choses étranges, de non-dits, sur ce qu'il se passe dans le jardin, les sous-sols de l'académie la nuit.

Pourquoi les professeurs ne l'ont-ils pas encore détecté tandis qu'ils se montreront très précautionneux sur la sécurité de l'école la nuit?

Samuel assistera aux cours de magie en auditeur libre, allant et venant sans qu'aucun ne le sache puisqu'il est invisible.

Willa n'est-elle pas en train de s'attirer des ennuis avec ce secret?

Il pourra être un témoin précieux ou un piège dans lequel il ne faudra pas tomber.

Un roman magique qui ne devrait pas décevoir.

C'est très agréable à lire.

L'auteure misera sur le point fort de son univers: l'incantation.

En effet, elle jouera comme ses personnages du pouvoir des mots, de l'évocation et de l'imaginaire chez le lecteur. Spirales d'argent, enchantements perpétuels, magistoires, vignes dévorantes, cercle de bronze, maléficiers, malédiction d'hiver, invocations et grimoires, tous ses mots-sorts usés par le récit participeront à nous transporter tandis que l'aventure se déroulera.

C'est très habile aussi car la magie ici dépendra de la capacité des élèves à l'invoquer correctement par les mots et le sens de la formule en plus de la ressentir.

Qui est poète, est déja plus à son aise avec l'action de jeter des sorts.

Il faudra aimer potasser, apprendre et lire, composer avec science et inspiration. La magie n'est pas innée. Et Willa est, il faut bien le dire, médiocre.

Elle pourra donc se mettre un danger en ne pouvant pas compter sur elle-même pour jeter des sorts sans qu'ils lui éclaboussent à la figure.

La magie sera la solution et le problème.

Les cycles nocturnes menacant les élèves qui manqueraient le couvre-feu.

Nous chercherons à savoir si la nuit et la disparitions des centaines d'élèves seront liés. Et si cette pauvre Willa finira à la moyenne des notes avant la fin du livre.

C'est un mystère à suivre.

*****************

ARIANE GUÉZOULI