SLALOM
2025
9782375544389
À PARTIR DE 16 ANS
: Les jeunes ados amateurs de l'univers anglais et pleins de retenues de Jane Austen et particulièrement du roman ado "Les Davenport" de Krystal Marquis (Hachette jeunesse), devraient être conquis ici.
Certes, l'aventure des filles noires des "Davenport" dans la haute société est à rapprocher de la fin 19ème-début 20ème siècle (comme la série "Downton Abbey") et celui de "Stella Sedgwick" de l'époque Napoléonienne du Nouvel Empire des séries "Bridgerton", les problématiques resteront les mêmes: liées à l'existence des femmes et particulièrement à celles des femmes noires.
Annonce sociale: recherche épouse de bon ton, poste à pourvoir, entretiens aux prochains bals.
On le redit ici pour cette époque, une jeune fille avec une bonne instruction et de l'éducation pourra être préférée. Savoir quand il faut flatter par une parole bien placée ou des silences de bon ton, sera recommandé. Le profil concernera l'assistance sentimentale et domestique d'un officier et/ou d'un noble qui recherchera une femme à la solide réputation avant de trouver l'amour.
Elle sera son image publique côté maison et jardin.
Stella, Olivia et Gwen n'ont rien de lisse.
Les relations mixtes.
Les protagonistes féminines du roman auront encore toutes leurs chances si elles sont métis - le fruit d'une liaison coupable d'un propriétaire ou maitre avec ses bonnes ou gouvernantes noires - , si les enfants sont reconnus.
Ce pedigree, on le susurrera aussi, dévaluera un peu leur cote à la bourse des beaux mariages, elles arriveront un peu après les blanches plus convoitées mais elles auront néanmoins un nom, des racines paternelles de réputation et une bonne dot.
L'infortune de Stella n'est pas celle que l'on croit.
Notre héroïne Stella, jeune fille sensible, intelligente mais espiègle, partira de bien plus loin que sa cousine Olivia, fille reconnue d'un riche pasteur blanc.
Une dizaine d'années après être partie vivre avec sa tante et sa cousine, elle est rappelée au chevet de Mr Fitzroy, l'ancien employeur de sa mère défunte, gouvernante des enfants de son manoir. Il est mourant et compte la faire figurer sur son testament.
Ce qui posera souci:
- la légitimité de Stella à prétendre à un domaine immobilier où elle a grandi en étant noire.
- se montrer aussi légitime que les petits-enfants du mourant: Gwen la pétillante - lesbienne au placard qui se privera rarement d'aventures féminines et d'autres masculines pour donner le change - , Jane déja fiancée à un bon parti et enfin Nathaniel, l'ainé, demi-frère et métis reconnu.
Même là, le roman tendra à nous montrer que Nate aura bien plus de chance qu'Olivia en étant un homme.
On ne verra pas d'autres alternatives pour Stella Sedgwick, fille de deux noirs, que de s'envisager comme bonne, gouvernante dans une bonne place ou...d'épouser un blanc dont l'éclat en haute société éblouira et masquera la présence et les origines de son épouse.
Mais Stella a d'autres projets et c'est sa mère qui lui aura montré l'exemple.
Non seulement cette dernière élevait les petits-enfants de Mr. Fitzroy mais en plus et dans le plus grand secret, elle écrivait pour un journal, elle s'était crée un personnage de chroniqueuse mondaine dont on ne connaissait que le nom de plume mais qui gagnait son propre argent. Ceci devrait rappeler aux jeunes fans du genre l'exquise et ronde Pénélope de la série Bridgerton, risée de la bonne société, fille introvertie et qui pourtant montait et descendait les réputations des gens de la cour par des articles et des faits que chacun s'arrachait.
Voici ce que souhaite devenir Stella qui dévore les livres et veut devenir écrivaine.
L'infortune de Stella est sa fortune.
La fortune de Mr Fitzroy arrive à point nommé, à un moment où toutes les filles du roman devront se trouver un refuge pour l'avenir avant un âge d'expiration. Stella ne veut pas se marier avant de s'être révélée à elle-même, sauf que le testament de Mr. Fitzroy sera soumis à une condition: que Stella se marie car les héritages ne sont pas remises aux femmes mais à leurs époux...
Stella ne cessera d'être déçue mais...
Cela se lit bien.
Les grands rebondissements se reporteront sur les nouvelles relations compliquées de Nate et Stella, Nate n'ayant pas eu le courage de soutenir la réputation de sa vieille amie devant un parterre de jeunes hommes à la parole trop franche un verre de brandy à la main. Comme dans la série "The gilded age", les jeunes femmes vivaient dans l'ignorance et n'avait pas eu l'occasion de se poser la question.
Mais que font les garçons quand nous lisons dans la bibliothèque, que nous faisons les magasins pour des mètres de rubans et apprenons le piano?
Les filles tomberont des nues devant le quotidien des garçons, invités à se dégourdir et s'encanailler dans les lieux de jeux, d'alcool et de plaisirs avant de rentrer dans le rang des affaires familiales inflexibles, réduisant le genre féminin durant la puberté à des conquêtes et des passe-temps, avant de croiser par hasard une personnalité contre toute attente digne de caractère derrière le corsetage de qualités féminines. Hommes et femmes de la bonne société semblent pris au piège dans un scénario qu'ils participent à entretenir pourtant au quotidien pour ordonner les choses, pour que le ciel ne leur tombe pas sur la tête ou qu'ils ne soient contraints un jour d'aller travailler auprès des gens qui les servent (et vice versa).
Stella Sedgwick aimerait pouvoir écrire quelque part que c'est injuste de ne pas pouvoir être jugée sur ses vraies qualités, sans que l'origine et la fortune ne troublent l'opinion.
La vertu des jeunes filles est à l'opposée exagérément préservée, elles doivent être d'une plaisante et correcte compagnie, s'abstenir d'être piquante et pleine d'esprit pour ne pas être vulgaires.
Nous suivrons une Stella qui peinera à contenir sa colère et ses larmes, tandis que se profilera au loin un allié inattendu...
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S. ISABELLE
AUTRICE
ILLUSTRATRICE
https://www.babelio.com/auteur/Sophie-Isabelle/779315
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CE QU'ILS EN DISENT?
https://www.babelio.com/livres/Isabelle-The-Great-Misfortune-of-Stella-Sedgwick/1856733
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