MIJADE
COLL. ZONE J
9782874231506
A PARTIR DE 15 ANS
: Michel Honaker, un auteur que nous apprécions sur la catégorie aventure.
Le point de départ du roman est intéressant.
Nous sommes en l'an de grâce 1239.
Non, nous n'en serons pas à la recherche de reliques, comme avec les légendes du Saint Graal, mais à leurs disputes.
Plusieurs romans jeunesse historiques( il nous faudrait plus d'une chronique pour les citer tous) nous ont bien mis en avant un point essentiel de ces aventures de la grande Histoire.
Oui, il y a un élément commun aux contextes de fond de ces héros historiques, un point qui sera revu, corrigé, discuté, disputé: comment trouver et choisir le sens du destin d'une communauté.
Il est toujours difficile, nous le lisons entre les pages, de déterminer sous quelle autorité prêter allégeance, comprendre qui commande leur société et ceci fait, déterminer, construire une légende tout autour qui lui accordera une légitimité aux yeux des futurs "followers" ( c'est le terme désignant une nouvelle génération de croyants de l'information).
Le roi, l'empereur, les Dieux, seront une clé de voûte qui permettra à un peuple de se maintenir uni, de se sentir protégé d'une autorité puissante, dans une formule sociale qui leur semblera viable et équilibré.
Nous ne parlerons pas de sérénité car cette quête se règlera parfois dans le sang, les rois s'imposent, les dieux s'affrontent et les hommes en seront les instruments.
Quel guide choisir?
Guide politique, guide spirituel?
La période du Moyen-Âge avait couplé les deux, avant que les pouvoirs de l'Église et du gouvernement ne soient dissociés plus tard.
Que de questionnements philosophiques.
Qui sommes-nous?
Pourquoi nous battons-nous?
Que respectons-nous?
Qu'est-il répréhensible de penser pour contrevenir à la belle harmonie dictée?
Toutes ses règles de vie découleront des rois, des empereurs, des dieux.
Cela fera parti d'une organisation structurante, une identité: un lieu, une langue, une religion.
Il est utile de s'arrêter sur ce sujet pour mieux profiter de l'aventure d'Honaker.
L'affaire deviendra compliquée lorsque des communautés se partageant le même culte se disputeront la légitimité.
De qui leur Dieu a t-il fait son peuple?
Ceux nés sur le sol des ancêtres de son histoire ou ceux qui rassemblèrent des âmes pour le louer, qui unifièrent des pays armés en son nom?
Qui préfère t-il?
Selon les uns et les autres, il n'y aura pas de fraternité, se traitant d'infidèles et de barbares des deux côtés, de l'Occident à l'Orient.
Comment peut-on être si différent et regarder dans le même sens?
Les peuples de l'aventure de " La couronne des Sept" se disputeront des reliques, les éléments privés de représentants divins abandonnés au temps.
Ce sont les preuves aussi de l'existence du chef suprême à présenter aux peuples pour les garder unis.
Il n'en restera qu'un à cette collecte qui se fera dans la douleur et par l'épée: l'élu de Dieu.
C'est un raccourci chers jeunes lecteurs mais il replacera rapidement le contexte du bon roman qui nous attend.
Quel sera l'objet sacré à rapporter?
Un instrument de la " Passion" du Christ. Ces symboles physiques sont la preuve de l'amour du Christ, représentant de dieu, pour les pauvres âmes encore égarées, la preuve rayonnante d'un amour désintéressé et sans bornes comme il n'en existe nul part ailleurs sur terre.
Un amour où l'on accepte de souffrir pour autrui, cela existe, ces objets en sont la signification.
Il existe quelque chose bien plus grand que les hommes.
Les objets de la "Passion" sont des éléments conservés du long supplice du Christ ( un clou, un suaire etc...), envoyé à la crucifixion par le peuple qu'il était venu sauver de lui-même.
Pour la petite histoire, les romains oppresseurs demandèrent au peuple de choisir parmi les condamnés du jour une vie à sauver.
À la bonté le peuple hébreu lui préférera un personnage certe sans scrupules mais plus proche d'eux: le voleur Barrabas.
Selon la légende, le Christ, présumé fils de Dieu, demandera à son père de ne pas abattre sa colère sur les hommes comme autrefois avec le déluge de Noé ou les calamités de Moïse.
Il promettra même de revenir d'entre les morts, prouvant ainsi la véracité de ses prédictions et la puissance du Dieu que le peuple passait son temps à dédaigner au profits des plaisirs mortels.
C'est dans le souvenir de cette abnégation et de cet amour que les hommes prendront les armes pour s'arracher la "couronne d'épine", une relique de la Passion.
Depuis ses " Croisades"- ses quêtes de terres sacrées et de reliques en l'hommage de- , la couronne a été acquise par l'Italie, à Venise pour la fiction
Michel Honaker nous referra sa propre version du film des "12 Salopards" de Robert Aldrich, en imaginant une escouade d'impies engagés pour le roi de France Saint Louis, afin de lui rapporter la sainte relique qu'il a acheté à prix d'or.
Le voyage sera semé d'embûches et si les 7 compagnons du Chevalier de Mortefoix meurent en ayant faits leur devoir, personne ne s'en souciera.
C'est une autre loi qui les motivera, les engagera, ses " Ronin" du Royaume de France, celle du goût de l'aventure, certe, mais surtout l'amitié, le respect, ils sont liés par une indéfectible fidélité pour leur chef d'expédition. Les ambitions du roi ne les soucieront pas et vice versa pour ces hommes qui n'ont pas le profil du bon croyant.
Comme le dirait certains jeunes ados lecteurs, nous serons face à une équipe de "Suicide Squad" ( cf. Le Comics et son film adapté de David Ayer).
Sur le terrain de l'extraction, un ennemi de taille vivant en Italie: le Pape de Rome.
Un autre prétendant aux reliques, un autre élu de Dieu.
Qui se montrera digne de la couronne?
Ça sera la mission très très secrète pour Saint Louis ( car les caisses du roi sont vides, dit on), le convoi spécial en toute discrétion à la merci des espions ennemis.
C'est Geoffroy, 16 ans, le jeune écuyer de Messire Mortefoix qui racontera.
Nous en attendrons un regard neuf sur toutes ses valeurs chevaleresques apprises et encore fraîches pour lui.
Inévitablement, c'est aissi un autre regard sur cette drôle de quête qui pourra sans doute un peu le dépasser.
À quoi reconnait-on une foi sincère?
Où s'arrête la noble dévotion et où commence le fanatisme?
Nous apprécierons au final le voyage, Michel Honaker offrant de l'action certe mais aussi s'attardant sur la disparité, complémentarité des caractères, avec un archer irlandais, un chevalier poète, un fou du roi, un cuisinier au hachoir aiguisé et un moine de l'ordre de Saint François d'assise( Franciscain*).
Chacun permettra des parenthèses utiles qui nous en diront plus sur l'environnement spirituel, culturel de l'époque, donneront au fond de décor sa densité.
Geoffroy aura fort à apprendre de ces compagnons d'horizons multiples, une bande assez proche de celle du personnage de " Robin des Bois" mais déclinée à l'époque d'Après Croisades Saintes.
Un récit de poche accessible, poussant à l'arrière plan de la cruauté guerrière au profit d'une vraie réflexion à plusieurs niveaux à hauteur de jeunes ados.
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MICHEL HONAKER


AUTEUR
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CE QU'ILS EN DISENT?
https://www.babelio.com/livres/Honaker-La-couronne-des-sept/1259125

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