LE ROUERGUE
2022
9782812622946
A PARTIR DE 15 ANS
: Le récit du "Dolpang" est un récit d'aventure, entre croyances terrestres et mythologie.
C'est la rencontre de deux mondes, celui des hommes d'en bas et celui des yétis des hauteurs.
Chacun de ses deux univers est amené imprégné de sa légende, ce qui rendra l'ensemble particulièrement intrigant et fascinant pour les lecteurs ados qui vont peut-être découvrir le Népal pour la première fois et sous plusieurs angles ici, du point de vue de l'imaginaire et du point de vue de ces croyances religieuses.
Tao et la Kumari.
Le monde humain ne sera pas terre-à-terre, il sera raconté au travers des destins de Tao, 17 ans, jeune moine danseur, dont le passé restera mystérieusement connecté au monde des Migoïs, les fameux yétis à la crinière rousse. Orphelin à 7 ans, il est recueilli par le temple des moines.
La Kumari viendra à le bénir comme c'est la coutume après une danse rituelle de passage, sous le masque d'une Migoï. Le choix posera sur Tao un malaise puisque Migoï et humains s'évitent. Même pour raconter une histoire en dansant devant la Kumari, la prouesse dansée de Tao sous le masque de la migoï placera une grace presque indécente sur une créature frustre, brutale, sale et primitive.
Les hommes et la Kumari n'auront que mépris pour ce que représente la Migoï.
Nous nous demanderons pour certains, selon leurs légendes tibétaines ou népalaises, où elles placeront l'existence de ces migoïs dans leurs croyances: créatures démons ou juste créatures impropres à être approchées pour leur caractère aussi impur que le cochon?
Elles ne peuvent toucher une Kumari encore moins qu'un homme.
La Kumari et Tao.
Tao et la Kumari se sont déja rencontrés mais la jeune fille refoule ce souvenir comme si ce contact pouvait avoir été inadapté pour une Kumari.
La Kumari, cela pourra nous rappeler la croyance du Lama tibétain, incarnation terrestre d'un personnage proche des dieux. La Kumari est selon les légendes du Népal une incarnation directe d'une déesse, Kali.
Elle se réincarne aussi selon la tradition dans un enfant, une fille et délivre sa bénédiction jusqu'à ce que l'enfant aient ses premières menstruations.
L'incarnation doit rester pure et ne pas toucher le sol, ni être touchée, souillée par les hommes, ni par le sang. L'enfant est enlevée aux familles, éduquée comme une divinité sur terre et ceci fait, aux premières règles, elle se réincarne dans un autre corps selon les croyances et dans certains histoires, l'enfant qui aura servi de réceptacle n'aura plus de valeur et sera rendue à la vie civile. Wiki nous dira que "L'État leur versera une allocation de l'ordre de 14 000 euros pour « service rendu à l’État » et qu'une association des Droits de l'Homme aura réussi à leur obtenir récemment le droit à l'instruction.
Kumari (déesse) — Wikipédia (wikipedia.org)
Sachant cela, aux yeux de certains lecteurs, la présence de cette Kumari n'aura rien d'une vie dorée, c'est en soi une drôle de tragédie, interdite donc des contacts doux d'affection le temps qu'elle grandisse. La Kumari doit modérer, refouler toute émotion en public et habiter son personnage.
L'auteure Mylène Mouton fera l'impasse de tout ce fond de décor difficile chez une fille Kumari pour engager l'histoire rapidement, laissant la vedette à la rencontre des trois personnages.
Les chapitres poseront bien chaque cadre mais le caractère très court permettra d'accélérer le rythme et rendre le récit dynamique avec du sentiment et du descriptif.
La Migoï.
Les chapitres, accordés au monde zen et à l'émotion refoulée de la Kumari et de Tao, alterneront avec l'univers sauvage, passionnée et sauvage d'une Migoï borgne qui aura perdu ses deux enfants l'un après l'autre, brisés à la naissance par son mâle à cause d'une maleformation systématique des bébés.
La Migoï sera comme une louve blessée à qui l'ont aurait enlevé les petits, fuyant son clan et redescendant vers le monde des hommes pour y chercher quelque chose qui restera à découvrir.
On ne connaitra pas ses intentions car malgré le contexte des infanticides, nous ne connaitrons pas les réactions émotionnelles d'un migoï et d'autant d'une mère migoï en deuil.
L'auteure placera la Kumari sur son chemin en bas des montagnes.
La migoï se trouvera connectée à la Kumari, étrangement, comme si Tao, la Kulari et elle, devaient se rencontrer.
Et lorsque la migoï enlèvera la Kumari, Tao se sentira le devoir personnel de voler à son secours. Pourquoi?
Tao, la Kumari et la migoï, un chevalier, sa princesse et le dragon.
Existe t-il une action du destin chez les Kumaris qui mêlerait ces trois lignées de personnages qui ne doivent absolument pas se cotoyer dans la société et les tolérances népalaises?
Sans nul doute que " Dolpang" brisera la tradition en créant des passerelles interdites et établissant des tentatives de communication tout aussi interdites.
On se posera déja la question: le peuple pleurera-t-il sa Kumari d'avoir été enlevée ou d'avoir été touchée par une migoï et peut-être même par un jeune moine qui voudra la ramener?
La Kumari n'est-elle pas déja perdue?
VOIR AUSSI:
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MYLENE MOUTON
AUTEURE
Mylène Mouton (auteur de Yiddish Tango) - Babelio
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CE QU'ILS EN DISENT?
https://www.babelio.com/livres/Mouton-Dolpang/1394157
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