BLUEBIRD/ TRISTAN KÖEGEL



DIDIER JEUNESSE
2015
9782278081608
A PARTIR DE 16 ANS ET +

Comme dans le conte de la vieille Irina, la voisine russe avec qui elle aimait prendre le thé, 
Minnie se sentait l'oiseau de feu de l'histoire, 
prête à déployer ses ailes, à chanter son air nouveau quand la providence monterait les marches vers sa porte, quatre à quatre.
La voisine avait doucement corrigé son destin en agitant son doigt noueux de vieille femme aux merles. 
Sa petite invitée de 17 ans à la voix bleue et à la peau noire avait tout du prince Ivan du conte de ses ancêtres, celui là même à la recherche de l'oiseau de feu fabuleux.
Minnie était tout aussi égarée que lui 
dans sa forêt sombre et n'attendait que l'arrivée du loup gris, de sa propre histoire, 
celui qui devait lui permettre de trouver sa voie, se retrouver en entier.
Minnie se prenait à rêvasser un peu. Elle songeait à Curtis son père qui lui avait donné le goût de la musique avec leur vie de grands chemins, 
à  Elwyn le jeune irlandais qui lui posait des sucres d'orge sur le pas de sa porte et lui jouait des airs de violon.
Le blues s'était posé sur son cœur depuis toujours, vibrait par sa propre voix mais depuis qu'elle avait pris la fuite en train depuis peu, qu'elle échappa à l'incendie de l'église, l'oiseau s'était doucement endormi. 
Trop de bleus sur le blues. Chicago lui offrait une nouvelle et autre vie.
Guère plus exaltante pour les gens de leur condition 
mais certainement moins cruelle que celle que promettait les chapeaux blancs du Sud. Ayant quitté ses ménages avec Lucille pour un boulot mieux payé à l'usine de construction automobile, Minnie n'eût plus peur de chanter sur le chemin, ici à Chicago, loin de la dureté du Sud, grâce à Irina, Sam, Lucille et la petite Mae. Elle avait beaucoup perdu et de bonnes âmes l'avaient trouvé.

Au creux de sa jeune âme, le blues avait encore de la joie à témoigner parmi toutes ses rivières de larmes bleues, 
au travers de ses belles histoires d'harmonica à quelques sous, sur les champs de coton du Mississippi, le muet indien aux "gros poings" et une romance irlandaise au clair de lune.  

Minnie passa une main sur sa robe et remit ses cheveux en ordre. La vieille Irina eût encore le temps de voir ça de son vivant et de son balcon. Minnie avait ressorti ses petits carnets à chansons et là, sur le trottoir, prêtait sa voix d'oiseau bleu à qui voulait bien l'entendre. 

"Vous pouvez  me jouer ça?", avait-elle dit à des guitaristes qui faisaient glisser des notes sur leurs instruments.
Comme il n'y a pas de fumée sans feu, pas de ce feu destructeur qui brûle les églises, mais de celui chaud, beau et miraculeux des oiseaux de légendes, Minnie retrouva dans un club son ami Leroy, un mécanicien pianiste qui se sauva tout autant et lui promettait dans le Sud un disque possible.
Il était là, son loup gris.
Pour son père, 
pour elle, 
pour son cher Elwyn, 
la petite Minnie était enfin prête à tenter sa chance et faire un disque.

: On ne saurait résumer l'histoire de Bluebird au seul destin de la jeune Minnie. Il y a aussi Elwyn "l'irlandais", Nashoba l'indien et Leroy le pianiste aussi. L'auteur choisit en tout cas trois voix principales pour faire entendre toutes les autres, celles de ceux qui triment et courbent l'échine jour après jour, chantant pour se donner du courage et être entendu quelque part.

"Bluebird" est le chant d'une époque qui nous ramène aux racines du Blues. Les trois personnages racontent leur vie, au même endroit. Nous percevons l'envers du décor ( les apparences sont nombreuses) et les espoirs de ces gens issus de peu. 
Cette histoire imaginée par Tristan Koëgel est ordinaire et incroyable à la fois, faite d'hommes, de femmes qui dansent et jouent le Boogie dans les clubs lorsque le travail est fini, qui grattent le banjo sur les bateaux à vapeur et pleurent le Blues sur les chemins. Nous sommes à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale, on le sait, l'esclavage est loin, dans son histoire du Sud, mais le racisme a pourtant la dent dure. 

Du Mississippi jusqu'à Chicago, Minnie va se frotter aux réminiscences vives d'un passé ségrégationniste encore bien ancré et celui d'un racisme ordinaire ambiant à Chicago. Noirs et blancs vivent ensemble mais certains sont encore stigmatisés dans les chairs ou les habitudes, parfois hantés.
La musique est omniprésente dans le roman, elle panse les plaies, donne du cœur à l'ouvrage, c'est un petit moteur de vie. Beaucoup rêvent de marcher dans le soleil droit devant, comme Minnie et tout son entourage. Les histoires inventées par Tristan Köegel deviennent simplement incroyables
par leur force et cette résistance à la résiliation. Cela allant de la famille de Elwyn, immigrés irlandais faux tortionnaire d'employés sur la plantation de coton, à celui de Nashoba l'indien se faisant passer sur leur idée pour une brute épaisse muette proche de la bête de foire pour faire filer droit et juste intimider, jusqu'à celui de la jeune Minnie voyageant sur les routes avec son père en Hobo et qui croisera leur chemin.

Certains jouent un rôle, d'autres peinent à trouver leur place. La rencontre  d'Elwyn et de Minnie allumera une étoile de plus dans le ciel. Le geste d'Elwyn qui ne sait où se trouve Minnie et qui rédige lui-même les retours de courriers du père inconsolable est touchante.
La grande arnaque de la famille d'Elwyn pour sauver les employés et cacher la disparition du propriétaire, véritable diable de l'histoire, est croustillante. 
Dans la tragédie il y a de la comédie. 

L'envol de Minnie est passionnante. Elle en a de la passion à revendre la gamine et on attend jusqu'aux dernières pages, espérerant les retrouvailles du père et de la fille. Va t-elle le rendre fier et faire son disque?
L''auteur décrit à la fois une époque encore sombre, sans complaisance aucune et dresse en même temps un beau tableau restituant un foisonnement culturel musical formidable de richesse. Le récit est entrecoupé de titres de Jazz, de Blues pour nous baigner de cette magie qui faisait danser, tourner les robes, chanter sous l'arbre et qui par ses élans du cœur arrivait quelques temps à faire oublier le reste.

 Les titres empruntés se trouve listés à la fin, dont l'emblématique « Bluebird Blues » de notre jeune Minnie.
C'est fort, fraternel, chouette, envoûtant, cela dépasse les clivages de toutes sortes.
Une belle lecture pour les grands ados qui devrait faire voyager sur les sens et émouvoir.
**

ELLE EN PARLE TRES BIEN, SI SI...



***********************
TRISTAN KOËGEL
tristankoegel.jpg
AUTEUR


 ********************
CE QU'ILS EN DISENT?

**********************
DU MÊME AUTEUR



DIDIER JEUNESSE
2014
9782278059393
A PARTIR DE 15 ANS

« Vous m'avez fait mal ! réagit enfin Upendra.
- Moi ? Pas du tout.
 Tu avais mal avant que j'arrive. Tu pleurais déjà, quand j'étais là-bas, sur la pierre. »
La rencontre de Upendra et du Fakir malicieux Omkar Mukherju devait être écrit dans le ciel, la terre, l'air, sur sa tête peut-être. 
Le bâton du Fakir s'abattit sur le crâne du jeune mélancolique comme la foudre.
Upendra ne croit plus vraiment au destin. Le sien s'est arrêté avec sa Kumari, son ancienne déesse à lui, morte, Satyia. La foudre s'était abattue une première fois devant le jeune vendeur de bonbon alors que les deux amoureux maudits fuyaient leurs destins écrits, 
partaient trouver une forêt où vivre d'amours et d'eau fraîche. Ils étaient les Ram et Sita des Légendes indiennes du Ramayana et partaient à la conquête du destin qu'ils s'étaient fixé à deux. Loin des dieux,
 des traditions qui les empêchaient d'être ensemble.
Que lui restait-il au jeune Fakir  à présent ?

Une sandale de Satyia abandonnée sur le sol.
 Un singe facétieux qui ne le quitte jamais. 
Une tristesse dont la source ne se tarit jamais et un grand vide qui ne demande qu'à trouver de quoi le combler.
Tournant le dos à son passé, saisissant l'avenir que lui tend le Fakir Omkar, le bâton pointé vers les sommets des Montagnes du Népal, Upendra va devenir une légende malgré lui, se dépassant sans cesse, embrassant la nature, ouvrant les yeux sur les richesses et goûtant son miel.
 Upendra va dompter les abeilles sous les yeux émerveillés.

: « Les sandales de Rama » de Tristan Koëgel navigue entre aventure humaine extraordinaire et conte philosophique. 
Au cœur de ce récit riche d'images, d'émotion et de saveurs, une histoire tendre et la recherche du sens de la vie. 
« Les sandales de Rama » est un carrefour de destins dont le point de départ prend racine dans les rues de Katmandou.
 Avec tous les personnages de départ, tous liés les uns aux autres, nous obtenons un panorama des couches sociales indiennes en vigueur très rapidement et entrons rapidement dans l'histoire. Il est fascinant de faire correspondre ces vies singulières et particulières avec notre réalité.
 Upendra et Anjur sont des amis d'enfance, l'un est fils de guide, l'autre issu d'une génération d'Intouchables, de marginaux de génération en génération frappé par le destin et les légendes. Ensemble, ils tentent de gagner quelques sous en vendant de la barbe à papa aux touristes de passage. Déjà Upendra se questionne sur la possibilité de faire autre chose de sa vie, peut-être guide comme son père.
 Le détail de l'alcoolisme amené de manière anecdotique nous laisse entendre que le quotidien est fait d'incertitudes amères mais l'appel des montagnes chantent déjà leurs louanges dans l'esprit du jeune adolescent.

Anjur, lui, n'est pas en reste. Il se rend compte que rien n'est écrit, qu'il peut participer au changement de l'oppression du pays qui les maintient dans la crainte et la misère, même un vendeur de bonbon a son rôle dans le grand scénario de la vie, des vies.
La rencontre de Upendra et Satyia fait monter les passions d'un cran, se fuyant, se cherchant, une véritable parade nuptiale de deux beaux oiseaux encore innocents. L'ancienne réincarnation divine cède aux ferveurs romantiques du petit marchand mais hélas est promis à un mariage de raison confortable.  
 L'accident fatal de Satyia laissera le pauvre Upendra dans le tourment et le désespoir au point qu'il devra recomposer avec la vie dans le silence et le temps qui passe.

Les chemins de Upendra sont bordés de désespoirs, de désillusion au départ, le jeune homme s'accroche à la sandale de Satyia comme à une ancre pour ne pas sombrer à la folie, une lueur de sacré qui réchauffe le coeur, un espoir mince dans le souvenir. Le sauvage Upendra trouvera au bout du chemin grâce au fakir Omkar une nouvelle vérité, odorante, éclatante, faite de jasmin, de safran, de miel sucré et d'air pur. Upendra trouvera le sacré dans l'âme humaine de rencontres, la bonté et générosité des gens qui l'auront nourri, soigné, loué comme un saint. Omkar, l'ancien architecte retiré du monde des villes, lui fera découvrir un essentiel vital planté dans la beauté du monde qui le remettra sur le chemin d'un nouveau destin qu'il bâtira. 
Loin des élucubrations acrobatiques des Fakirs, le nouveau Fakir va devenir celui qui parle aux animaux, une légende bien malgré lui toutefois marqué par son courage indéniable.
Ce récit initiatique est très riche à divers niveaux. Upendra et Satyia se retrouveront peut-être dans cette vie, une autre peut-être...
L'auteur s'est inspiré pour son héros principal d'un personnage qu'il rencontra lui-même lors d'un voyage au Népal. La réalité inspire la légende et vice versa.
Un roman pour Ados sur le voyage à découvrir absolument !

***********************
QU'EN DISENT LES AUTRES?

***********************

LA LEGENDE DE RAMA,
LES DIEUX AMOUREUX...
1030240357.gif
*****************************

KATMANDOU,LE NEPAL, LES LEGENDES...



Enregistrer un commentaire

0 Commentaires