LE TROISIEME FILS DE MONSIEUR JOHN/ NADINE BRUN-COSME ET ILLUSTRE PAR CHRISTINE DAVENIER

SARBACANE

2018

9782377310371

A PARTIR DE 7 ANS

: Commencer par parler des auteures ici, sera un vrai bonus.

Nadine Brun-Cosme.

"Moi devant", vous vous rappelez? C'est elle.

Mais si!

Ces trois personnages singuliers, petit, grand et moyen, au lien familial très inspiré sur un parcours dessiné par Olivier Tallec.

C'était une expérience de lecture particulière et incroyable, amusante probablement pour les plus jeunes, rien n'est dit et tout est ressenti dans les codes de comportements, comme avec "Les Mûres" de Olivier de Solminihac et Stéphane Poulain. Il y a presque une double histoire, une directement offerte par Nadine Brun-Cosme et une autre que l'on se fait si l'on veut prolonger un peu. Que sont-ils les uns pour les autres? Cela magnifie le sentiment d'appartenance.

Christine Davenier.

Elle déteste sa soeur. Qui? Elle?

Non, sa petite chipie d'héroïne. "Ma soeur, je la déteste!".

Nous vous renvoyons à l'album, son "Madame Letourneau" reste inoubliable, cette petite voisine qui épie sa voisine senior de l'autre côté du mur du jardin et se voit mettre des craies de couleurs dans les mains pour passer agréablement ses journées.

Le duo de drôle de dames s'était déja associée sur "Prends ma main, Maman", aussi chez Sarbacane.

Un mélange de sensibilité narrative et artistique forcément intéressant.

"Le Troisième fils de Monsieur John".

L'album est soutenu par Amnesty International, les plus jeunes n'y feront pas attention de prime abord, les grands lecteurs comprendront qu'il y aura probablement double lecture. A nous de voir.

Dès les premières double-pages, un petit sapin vole la vedette au nouveau-né, Monsieur John présente à son voisinage l'arbre planté, pas peu fier.

Bien que l'acte soit symboliquement émouvant, il y a une petite pincée d'ironie que les jeunes lecteurs noteront peut-être tandis que les grands lecteurs écraseront une petit larme d'émotion. Il est beau cet arbre.

Pauvre Monsieur John qui ne sait toutefois comment assumer ce troisième arbre qui contrairement aux deux autres ne pousse pas très droit, le retour du voisinage fait parti du jeu. Qu'a t-il mal fait?

La nature est capricieuse ou étonnante, comme on veut.

Le troisième petit gars de Monsieur John pousse t-il très droit?, pourrait demander un petit doigt de lecteur levé.

Cela n'a rien à voir, voyons?

Si?

"Sa petite voix ne portait pas. On ne l'entendait pas. On ne l'écoutait pas. Il chantait doucement, il disait des poèmes pour personne."

Les auteures racontent et le temps passe doucement.

Et quand l'ombre de ses grands frères ne le couvrirent plus, Monsieur John découvrit ce petit dernier qui lui restait et n'avait pas encore quitté la maison.

La tournure est bien faite, élégante, cela ressemble presque à un conte, gonflé d'une magie légère et rassurante.

Ce troisième arbre a pris de l'ampleur, fort de sa singularité toute biscornue mais pas moins intéressante.

Monsieur John sourit.

Et nous aussi.

Il est tout naturel de ne pas ressembler à ses grands frères et ses grandes soeurs.

Le petit dernier le prouve.