YETI/ TAÏ-MARC LE THANH ET ILLUSTRE PAR REBECCA DAUTREMER

GAUTIER LANGUEREAU

2015

9782012202832

A PARTIR DE 8 ANS

: Tandis que la légende du Yéti semble une "nouvelle" source d'inspiration en ce moment, homme singe fièrement exhumé pour le bonheur des enfants, de l'émission Télé de racontage d'histoires "Yetili" à bientôt "Monsieur Link" le long métrage ciné, nous vous avons dégoûté un titre sur le sujet, tout droit sorti des étagères d'une bonne épicerie qui se lit.

Nous avions du flair ce jour là.

Cela sentait la lecture succulente.

Mais nous aimerions en savoir plus.

Allo Wikipédia?

"Le yéti, ou « abominable homme des neiges », est une créature anthropomorphe du folklore du Népal, de l'Inde, du Bhoutan et du Tibet.

Du fait de l'absence de preuve matérielle de son existence, la communauté scientifique le considère comme un être légendaire"...

Le Yeti représente en effet, selon les fantasmes, le fameux chaînon manquant historique qui ferait la passerelle entre l'homme et le singe (d'où le titre évident de l'animé "Monsieur Link).

L'un des couples les plus talentueux de la littérature jeunesse, Taï-Marc le Than (Monsieur Dautremer) et Rebecca Dautremer (Madame Le Thanh), a repris à son compte l'iconique mystère anthropologique à poils longs, dans une superbe fiction dont ils ont le secret pour nous envoûter comme des flûtistes indiens.

C'est donc l'esprit et les yeux grands ouverts que nous accepterons de tomber dans le songe d'images.

Ouvrez le livre et tournez la page.

Les illustrations de Dautremer sont indescriptibles de beauté et nous lisons cette vérité doucement soufflée à notre oreille.

Le Thanh nous emmène à une autre époque, cela ressemble aux années 20.

Une jeune demoiselle s'interroge déja elle-même sur l'existence du Yéti.

Ca y est, nous le voyons déja hanter le décor.

C'est adorablement décalé, il n'est là que pour nous, envahissant de sa taille immense le fond de décor, dans la rue, dans les transports, il est lié, coincé dans les pensées de cette jeune dame un peu plus curieuse que les autres des mystères scientifiques.

Probablement qu'à cette époque, comme pour nombre de créatures fantastiques, la littérature a alimenté fortement l'imaginaire, encore aujourd'hui.

Les meilleurs pour ce cas sont ceux qui ressemblent à des récits de voyage certainement.

Les héros ont grimpé, se sont faits surprendre par une tempête de neige, se sont réfugiés dans une grotte, la maison du Yéti..

Mais revenons à notre album.

L'héroïne part on ne sait où, avec cette interrogation et le mystère demeure entier sur ce qui nous attend.

Il y a un jeu d'atmosphère bien travaillé.

L'espace est ample et vide autour de notre héroïne, il tombe souvent sous le couvert de la pénombre offrant ainsi le silence, une méditation qui prend le relais sur les textes courts.

Il y a du calme dans cette évasion des pensées.

Cela nous rappellerait presque des tableaux de Edward Hopper, le silence dynamique entre ombre et lumière.

A l'exception près que Hopper utilisait plutôt la lumière crue des néons et non l'ombre pour créer au dessus des personnages sa bulle intime, c'est un espace entre-deux où les pensées de ses acteurs semblent bouillonner plus sourdement, un instantané où ils ont parlé ou ils vont parler, nous admirons la pause de paroles.

Avec l'ombre de Dautremer, nous sommes dans quelque chose d'intérieure, de personnel, qui ne se partage pas encore, si ce n'est avec nous, lecteurs.

Quelle audace! Quel esprit intrépide!

Nous finissons par saisir que la jeune femme prend le chemin des montagnes et la tension dramatique monte, l'apparition du Yéti s'affiche de plus en plus de manière imposante, presque effrayante.

Nous remarquons aussi que Taï-Marc Le Thanh adopte également le ton du journal de bord, même si les datations n'apparaissent pas et nous nous demandons si l'héroïne trouvera une réponse sans risques...

Le charme des illustrations continuent de nous porter et nous atteignons... la chute de l'histoire.

Cette quête atteint des hauteurs et c'est superbe.

Alors, le trouve t-elle ce Yéti?