FINI LES CHATOUILLES/ MICHELE BAYAR





OSKAR EDITEUR
COLL. DROITS DE L'ENFANT, NEW YORK 1989
2020
9791021407039
A PARTIR DE 10 ANS



: On devine d'avance avec la collection "Droits de l'enfant" que ce titre sur les chatouilles réservera de maudits dérapages et interdits.
Mais il faut sur un sujet comme celui-ci pour en parler et éduquer, les parents sans doute, comment veiller, comment transmettre et surtout, auprès des enfants car il faut apprendre à dire Non puisque mon corps est mon corps pas le tien.

Il existe un certain nombre d'albums pour enfants qui exerce délicatement le travail de médiation et évite aux lecteurs, grands et petits, de passer un moment pénible et incommodant.

Ce roman de Michèle Bayar s'adressera à un public pré-ado, c'est aussi un titre de la collection.
Nous gardons en tête le titre de Roland Godel, "C'est moi qui décide", sur les travers de l'éducation familiale sur le quotidien tranquille des enfants à l'école, un roman récemment redécouvert et qui s'est montré de très bonne facture.

Nous parlerons de pudeur et d'intimité.
Ce n'est pas toujours facile de s'autoriser à parler de certaines choses, pour soi, à autrui si on le désire, c'est de l'ordre du personnel et de l'intime, encore une fois, on le comprendra.
C'est encore plus tabou la plupart du temps de s'autoriser à juger un adulte quand on est un enfant.

En nous engageons dans la lecture, nous accordons une partie déja de notre confiance à la collection.
Nous entrons dans le roman.
En effet, la situation de départ est embarrassante, la petite héroïne Maélys, 11 ans, s'entretient avec nous de son grand malaise avec les chatouilles de son papy.
A chaque vacance d'été, la gamine n'éprouve pas d'enthousiasme à aller les passer chez les grands-parents paternels à cause de cela.
Mais, semble t-il pour l'instant, elle ne s'en est confiée qu'à Jade sa meilleure amie mais surtout pas à ses parents.
Y a t-il à craindre?

A quoi correspondent ces chatouilles qui la dégoûtent? 
Le dégoût, le mot est lâché.
Nous sommes curieux de cerner la situation plus que d'amener un personnage au pilori.

Maélys est encore collée à la sieste obligatoire à 11 ans, le doute commence à grandir d'autant plus puisqu'elle la passe avec le papy.
Papy a une manière à lui un peu particulière pour encourager la sieste.
"...— Ne sois pas crispée comme ça ! 
Tu n’as pas à avoir honte, chuchote-t-il. 
Laisse-toi aller. 
C’est notre petit secret, ma princesse, je ne te trahirai pas ! Reprenons cette belle histoire que j’ai trouvée pour toi toute seule...".

"Je ne TE trahirai pas", emploie t-il.
Le doute s'envole d'un coup comme une oie sauvage en retard vers son Sud.

L'auteure tricote assez bien le malaise ambiant dans son roman, cette gêne installée où le loup ne ressemble pas un loup, où le papy donnerait l'air d'un parent attentionné et doux avec sa petite-fille si il n'avait pas la main qui s'abandonne là où il ne faut pas.

L'auteure nous fait entendre également qu'il n'est pas si simple de se confier, il faut à priori aussi la bonne personne, celle qui saura.
Le frère de Maélys sent que sa soeur n'est pas dans on humeur habituelle, il tente de creuser la question mais la loi des relations frères et soeurs reprend le dessus et ils se chamaillent, faisant vaciller les certitudes des lecteurs quant à l'urgence de l'affaire.
L'auteure est très habile.
Les faits ne peuvent pourtant pas semer le doute sur le contexte présenté, les gestes adoptés, le discours tenu et pourtant nous serions prêt à considérer en dehors de ces affreuses parenthèses l'homme âgé de cette histoire comme quelqu'un d'aimant et d'attachant.

Le récit réserve de sacrées surprises malgré le thème un peu dérangeant et tabou, cela se lit très bien et d'une traite.
Le roman est sans nul doute, en plus d'une bonne lecture, un bon support de discussions sur la Pédophilie - appelons un chat, un chat- , il est d'autant plus efficace quand Michèle Bayar place dans le mauvais rôle des personnages insoupçonnés des membres de la famille, ce ne sont pas toujours de parfaits inconnus.
Le texte ne crée pas pour autant la paranoïa, la situation est précise.

On ne le dira jamais assez, l'éducation au corps et à l'intimité est une véritable instruction à ne pas négligée. 
Les grands lecteurs seront d'accords, c'est un savoir vital pour se préserver, se protéger et il y a de bons gestes à adopter avec les grands, les petits, une considération et un respect de la personne physique et morale à instituer très tôt.


jeunesse - Michèle Bayar




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MICHELE BAYAR

AUTEURE

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