SOEURS D'YS/ M.T. ANDERSON ET ILLUSTRE PAR JO RIOUX

RUE DE SEVRES

2020

9782810217403

A PARTIR DE 12 ANS

: Direction la légende d'Ys, un site recouvert par les eaux presque aussi célèbre que le déluge de Noé.

Pas mal d'ouvrages jeunesse se sont emparés de l'aventure dramatique.

Nous recommandons en particulier l'album de conte illustré d'Anne Jonas et Miles Hyman chez Milan, également l'excellent roman jeunesse de Béatrice Bottet "Fille de la Tempête : La Légende de la ville d'Is" chez Casterman.

Ce dernier fait de l'héroïne une sirène transformée par la catastrophe qu'elle a indirectement initiée, par amour.

Piégée par le diable lui-même déguisée en un bellâtre irrésistible, elle lui livrera en gage de sa confiance les clefs des barrages qui protégeait la ville d'Ys. Terrible erreur.

La princesse sera condamnée à survivre à la catastrophe et à la raconter inlassablement, faisant de l'amour une terrible sottise aveugle.

La BD ici présente rassemblent deux soeurs au centre de l'intrigue du conte.

Tel les histoires du "Titanic", nous connaissons déja la fin inéluctable et ne pouvons que nous installer dans une perspective peu optimiste pour le début d'histoire, même si les personnages nous semblent sympathiques.

Nous sentons venir un duel de passion possible avec ces deux soeurs.

Un triangle amoureux?

La question n'est pas de savoir comment mais quand les princesses se feront piégés et condamneront le royaume médiéval d'Ys (ou Is, suivant les oeuvres).

Les débuts de l'aventure usent de raccourcis qui rythmeront rapidement le récit, comme un conte saurait le faire, pour en venir au fait tout en charmant le public pas à pas.

Nous y voyons le futur seigneur d'Ys, le roi Gradlon, blessé sur un champs de bataille et signant le premier un contrat avec "le diable", une enchanteresse qui lui promettra le monde si il lui débarrasse de son époux

(il est sous-entendu surtout pour lui qu'il survivrait à ses mortelles blessures, attendant jusqu'alors son heure parmi ses hommes d'armes tous terrassés. C'était sur le moment, un bon contrat).

Nous ne savons d'où l'enchanteresse vient vraiment mais peut-être y retournera-t-elle le jour de sa mort.

La magie loin de la magie n'est pas éternelle.

Nous reconnaissons la princesse Dahut, cadette du roi Gradlon, héroïne de toutes les légendes précédemment lues.

Nous faisons connaissance avec son aînée Rozenn.

Les paysages d'Ys sont beaux mais tourmentées, couchés et chahutés par le vent, reflétant déja la lumière et les couleurs d'une verdure du fond des eaux.

L'île semblait déja bâtie sur sa légende.

Les illustrations sont superbes.

Les deux soeurs ont un caractère opposé, elles feront leur deuil chacune de leur côté, toutes deux avec une fêlure qui les ont rapproché soit de la nature et des humains, soit de la magie et des éléments.

Elles se partagent ici la vedette et bien qu'héritière directe, Rozenn est celle qui s'éloignera de l'héritage toxique.

Nous comprenons pourquoi Dahut ne se méfiera pas de la magie troublante du cornu.

L'auteur M. T. Anderson nous pose le doute, le prince à la conquête de Dahut semble plutôt projeter de s'emparer du royaume d'Ys plutôt que de le céder aux eaux en offrande pour leurs pêchés.

La fin d'Ys est-elle finalement déja écrite?

Le récit est agréable, romantique, trempée d'eau de mer et de larmes.

On aime.