LE CONTE DU PÊCHEUR / SALLY NICOLLS ET ILLUSTRÉ PAR JÚLIA SARDÀ

GALLIMARD JEUNESSE

2023

9782075194648

A PARTIR DE 8 ANS

: On reste très fan des illustrations de Júlia Sardà, inspiration magique sombre de ronces et d'ambiances souterraines de contes.

L'auteur Sally Nicolls reprendra la célèbre " Mort Marraine" des Frères Grimm et le destinera du coup à un public plus jeune encore.

Pauvre pêcheur qui n'a rien et qui va avoir un nouveau bambin!

À qui s'en remettre pour son destin?

Le conte aura un sens métaphorique presque évidemment religieux dès lors que l'on évoquera son rituel du baptême.

Les plus grands lecteurs plus spirituels pourront y voir une parabole biblique qui devrait faire réfléchir sur le sens de la vie avec, comme disent ses fervents, Dieu dans son coeur, pour être sauvé ou bien alors le Diable à sa porte, pour être tenté par les seuls plaisirs terrestres qui nous rendront souvent égoïstes et futiles.

Pauvre pêcheur, qui n'aura pas un sou pour promettre une belle existence à sa descendance et qui cherchera le parrain plus fortuné sur les chemins qui saura alors prendre soin de lui au cas il lui arriverait malheur (c'est à cela que servent les parrains et marraines de la tradition, vous le saviez?)!

Dieu barbu entendra sa plainte et lui fera une proposition.

Le pêcheur lui ne l'écoutera pas, vêtu de haillons tout le quotidien, un trou dans son toit, sa barque cassé et sa famille supportant le froid et la faim (nous ne pourrons nous empêcher de penser au pauvre récit biblique du vieil "Job", supportant tous les maux pour que Dieu éprouve sa confiance).

Le Diable barbichu fera aussi sa proposition, promettant au pêcheur richesse et santé, de mettre sa famille à l'abri du besoin.

Peut-on seulement faire confiance au Diable sur un pacte? Là aussi, les grands pourraient avoir en tête un récit connu et biblique qui illustrera la tentative du Diable de faire souscrire une vente d'âme à un pauvre malheureux dans le besoin et la souffrance en plein désert, contre la bonne fortune.

Qui va choisir le pêcheur, qui n'est pour l'instant le moins gagnant des trois? Mais est-il pour autant le plus droit?

" Bonsoir ! Je suis la Mort. L'être le plus juste qui soit. Riche ou pauvre, homme ou femme, jeune ou vieux, bête ou oiseau, baleine ou moucheron, je ne fais aucune distinction..."

Curieusement, ce choix fera sourire car la Mort Marraine demandera un service en échange (car dans la vie et finalement aussi la mort, rien n'est gratuit).
Hélas, le pêcheur, lui qui pointait du doigt, sera tenté de jouer avec l'honnêteté et devrait se faire encore plus avoir.

Quel triste conte facétieux qui nous fera penser à un jeu de poker avec Dieu, la Mort, le Diable, à sa table.
Ça sera à découvrir.