AU 2ÈME ÉTAGE/ JONARNO LAWSON ET ILLUSTRÉ PAR QIN LENG

D'EUX

2023

9782924645550

A PARTIR DE 6 ANS

: L'histoire est fraîche et sympa.

C'est un livre de la vie ordinaire qui va s'écrire à plusieurs mains (enfin si l'on peut dire car il n'y a pas de texte).

Nous suivrons les personnages, très actifs, se croisant sans se voir, se snobant, sympathisant, s'aprivoisant, du grand-père un peu sauvage au chat de gouttière qui finira bien par rejoindre le groupe.

Nous sommes dans un quartier, une rue, devant une épicerie.

Et au dessus, il y aura un appartement qui ne demandera qu'à être choisi (et peut-être balayé, nettoyé, rénover d'un cou ou deux).

Le vieux propriétaire de l'épicerie (et de l'appartement) qui nous présente ses sourcils froncés à tous bouts de champs le fera visiter en l'état, sans autres formes de réparation à croire qu'il cherchera à faire fuir les locataires.

L'appartement aura grise mine.

Une petite fille fera le lien (sans doute, la petite-fille de l'épicier) .

Grâce à elle vont se déclencher les rencontres, comme si elle était, contrairement à son grand-père, gonflé d'une bonne intuition pour faire confiance.

Il n'y aura de texte que sur les affiches et les écriteaux, pour le reste les attitudes renseigneront clairement. Mais pas que, le parcours sera rempli de sous-entendus, d'idées préconçues sur les uns et les autres, sur le voisin qui tournait le dos sans adresser la parole et qui peindra à la fin la porte d'entrée de l'épicier en rose, sur la mine attristée du jeune couple mixte qui nous rappelleront le couple de la Sainte famille des tableaux de peinture italienne qui ne trouvera pas d'auberge pour les abriter semblera t-il.

On remarquera que contrairement aux autres qui visiteront et repartiront fissa, ces deux amoureux accepteront, sans voir le logement au moment où l'épicerie retirera son annonce sur la vitrine.

Il y aura dans cette supposition une note de désespoir.

Nous réaliserons que finalement grâce aux efforts de la petite fille pour que chacun se sente à l'aise et à sa place, le hasard fera bien les choses en forçant un peu sa chance (l'épicier trouvera enfin des locataires, le couple un logement, le chat des repas réguliers, le voisin une amitié, et l'épicier, sa petite famille, trouveront presque une famille, avec ces personnages présents au quotidien et se rendant utiles dans la vie de l'autre.

On trouvera chouette cette douce voie vers le "happy end", la petite fille toujours à rayonner sur ce coin de rue, le couple glissant peu à peu en coup de main dans l'épicerie, le "Rainbow flag" finissant au dessus de l'épicerie d'un vieux monsieur qui semblait du départ peu commode et enclin à faire des efforts ou compromis.

Le graphisme de Qin Leng est très agréable, flirtant avec la douceur familiale et quotidienne d'un "Ernest et Célestine" de Gabrielle Vincent (sans son charme rétro).

À noter que la traduction du titre d'origine " Over the shop" devrait songer à s'appeler plutôt " Au 1er étage" car il y aura nuance, sans que cela change grand chose à la qualité de l'histoire. Le bâtiment à deux niveaux mais l'appartement est au 1er (en architecture, le rdc n'est pas compris comme un étage, cette désignation réservée aux pièces à vivre en général aux pièces surélevées).
On a beaucoup aimé cette histoire signée JonArno Lawson.