FLAMMARION
2012
9782081277878
16 ANS ET +
: Istambul, ancienne Byzance, ex-Constantinople, centre culturel et d'opération de l'empire turc ottoman où se cotoyaient grecs chrétiens, turcs musulmans, juifs et quelques indiens, selon les contacts de libre échange de l'Orient.
Ceci est une fiction inspirée de témoignages et documentations.
Selma, 7 ans au début du roman, petite fille de sultane - et non fille de sultan- , connaitra la fin d'une époque et d'un empire, la fin d'une vie assignée à résidence avec les anciennes traditions de vie entretenues au dedans, conservées comme dans un coffret royal.
Leur empire ottoman, associé au mauvais camps, perdra sa souveraineté avec l'armistice de la 1ère guerre mondiale.
Le monde et l'occident arriveront pour découvrir et prendre possession de leur gain.
Ce sont les femmes qui raconteront.
Avant d'aller plus loin, ce qu'il faudra savoir pour mieux profiter du roman.
Qu'est-ce que "L'empire Ottoman"?
La Turquie actuelle, de 1299 à 1922.
Il aura traversé autant de régimes différents que de régnants, les prétendants s'assassinant ou s'emprisonnant pour se succéder.
C'est important de le savoir.
Au moment de l'histoire, en 1918, l'empire est sous une monarchie parlementaire militaire. Ce sont des gens importants qui tireront les ficelles du pays à la place du sultan, symbôle d'un pouvoir ancien et consultant.
Au moment de l'aventure, un ancien sultan est mort et c'est à son enterrement que l'expactive d'une nouvelle ère s'imposera.
Le peuple et le parlement rendront hommage selon la tradition, les familles royales captives, elles, pleines de rancune envers le pouvoir qui les aura tenu loin du monde se réjouiront. La famille de Selma sera de celle là.
Leur palais est une cage dorée.
Nous noterons au passage qu'il sera plus pratique pour la monarchie parlementaire de les y laisser même si leur tortionnaire n'est plus, en leur allouant un crédit dans les budgets.
D'ailleurs ce dernier, une fois à son tour renversé, deviendra dans un bâtiment en vis à vis un nouveau voisin assigné lui aussi à résidence.
Ils seront une vitrine, servis par des eunuques (serviteurs masculins) et des kalfas (servantes), surtout pour les femmes sultanes, que personne ne verra plus en public.
La chute à venir est aussi celle d'une dynastie.
L'héroïne, la jeune Selma, vive et impertinente, est la fille unique de l'aînée du 1er sultan destitué de ce clan familial, - un qui ne supportera pas les intrigues de palais et fut passé pour fou par un frère cadet (l'enterré) qui prendra sa place -.
Selma est assez gâtée et préservée finalement, elle ne se rend pas compte de ce à quoi ressemble une autre vie hors du palais, dans une autre culture et une autre éducation.
L'ambiance est assez curieuse, ces personnages vivant dans le luxe et l'oisiveté mais coupé du monde extérieur, à cheval sur un protocole qui les gardera civilisés suivant leurs termes, se témoignant des politesses ou des malédictions en silence.
Qu'adviendra t-il d'eux après l'enterrement?
Certains imagineront une annulation de la décision d'assignation, peut-être.
Mais avec une famille royale qui ne sert que pour les apparences et pour l'idée d'unité dans le pays, cela se pourra t-il?
Ils ne seront pas la priorité et ils vont le comprendre.
Au fil de la lecture, on prendra de la hauteur et on considérera l'organisation complexe qui posera une compétition comme processus de la chaîne alimentaire familiale.
Le sultan - chacun des quatre frères de cette dynastie - est polygame, une épouse et des concubines cohabitant près de lui, une union patriarcale monarchique décomplexée.
Les fils, les filles, devront jouer des coudes quand cela n'aura pas déja été fait par leurs mères, pour gagner les faveurs du sultan du moment pour gagner la place de la famille officielle au milieu des autres.
Le calme avant la tempête à l'enterrement de l'ancien sultan. C'est un acte politique, c'était un tyran avec le peuple mais chacun devra se sentir capable de changer son soulagement et mépris en chagrin pour l'occasion, comme si les dieux pouvaient les regarder.
Beaucoup de personnages et de statuts défileront au début, pendant l'enterrement et pour nous y retrouver juste un peu, nous les noterons car nous supposons que cela pourrait nous permettre de déterminer leur importance dans l'intrigue qui va suivre et tous ceux qui partiront:
- Le calife. Le terme calife, khalife ou caliphe est une romanisation de l'arabe khalîfa, littéralement « successeur ». Il est le gardien des croyants.
- Les sultanes, les filles du sultan.
- Les Damads sont les époux des princesses.
- Les pachas, c'est un grade honorifique, pour des militaires ou des vizirs.
- Les vizirs, des ministres.
Nous pensons ce préambule important pour s'immerger dans cet univers islamique avec plus de facilité.
L'orage arrive et c'est la fin de la 1ère guerre mondiale.
Nous prendrons pied également dans un contexte très ouvert de l'occident vers les charmes de l'orient.
On y voyagera depuis 1 siècle, on en parlera, on le sculptera, on rêvera de ses bains turcs vaporeux mystérieux interdits aux hommes.
L'orient est sensuel, parfumé ou vigoureux, sauvagement redoutable, le muscle et la peau brune soyeux exposés ou entièrement couverts d'une manière impeccable.
Nos artistes français avaient d'ailleurs lancé une mode. Vous savez? L'orientalisme?
"L'orientalisme est un mouvement littéraire et artistique né en Europe occidentale au XVIIIe siècle.
Par son ampleur et sa vogue, tout au long du XIXe siècle, il marque l'intérêt et la curiosité des artistes et des écrivains pour les pays du couchant (le Maghreb) ou du Levant (le Moyen-Orient)..."
Merci Wiki!
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Orientalisme
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Empire_ottoman
On nous dira enfin qu'aux lendemains de la 1ère Guerre Mondiale, les territoires de l'empire commenceront à être colonisés par les puissances "alliées".
C'est le coeur en miette que les "captifs" assisteront aux nouveaux venus qui relanceront le commerce et développeront le tourisme, faisant rentrer dans les poches du peuple.
Mais apportant aussi ses propres conflits .
C'est la fin d'une époque... et le début d'une autre.
Selma et sa famille seront-elles prêtes à intégrer une Turquie sans rois et à être des citoyennes parmi les autres, avec moins de privilèges?
Un roman qu'il faudra profiter, digérer lentement, garni de détails de bijoux,de senteurs, d'huiles, de pétales de roses, pour nous exprimer que la tiédeur n'y aura pas sa place. Les personnages se seront arrangés avec les dernières modes de pensées philosophiques, vestimentaires, pour briller en société mais s'accrocheront l'air de rien à la tradition dans le foyer pour ne pas perdre leur identité.
Nous nous demanderons si ces personnages ôtés de leur culture très maternelle et protectrice auront une idée réelle de qui ils sont vraiment et de quoi ils sont capables.
On nous le dira, les hommes mariés aux sultanes, pièces rapportées et beaucoup libres de leurs mouvements, tricheront un peu sur une fidélité culturelle qu'ils trouveront un peu exagérée.
Ce sont les femmes, "archivistes" et gardiennes du foyer des traditions qui craindront pour leur sort et leur raison d'être.
C'est intéressant. Avec une liberté toute nouvelle, ironiquement elles ne s'en sentiront que plus perdues et prisonnières encore, très accrochées au passé.



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