LE VOEU DU JEUNE ROI (ET AUTRES HISTOIRES CRUELLES)/ OLIVIER KA ET ILLUSTRE PAR JULIEN MARTINIÈRE

OBRIART

COLL. J'AI PAS LE TEMPS

2023

9791095135548

À PARTIR DE 9 ANS

: Un conte signé Olivier Ka assez grinçant et nous attendrons de voir juste au dernier instant de l'histoire sur quoi se refermera la porte (attention, les doigts!).

C'est un conte humaniste, écologique mais dangereux.

Il était une fois un futur roi qui voulait être bien meilleur que son prédécesseur (son propre père), qui voulait redonner du sens à l'existence bien avant de songer à profiter.

Alors il va hélas "imposer".

De quoi étaient faites les journées des grands seigneurs? De chasse, de fêtes, de guerres sportives et le futur roi tenait à signifier à son beau monde qu'il devait s'imposer un régime pour être un peu moins excessifs.

Mais hélas qui aurait eu envie, besoin, d'être raisonnable parmi ses seigneurs, dans ce monde dont les traditions régalaient leur beau monde et dont ils en savouraient tout le privilège?

"Le voeu du jeune roi" parlera en réalité de politique. Et oui.

Une chose amusante et fine de l'auteur: il exposera les arguments du jeune roi concernant sa "révolution", mais il racontera la situation de telle sorte qu'il sera difficile pour le jeune lecteur de vraiment adhérer sans réfléchir.

On offrira aux jeunes lecteurs le temps de méditation pour choisir un parti.

Le futur roi semblera un peu rêveur, jeune d'expériences de vie, plus tourné vers la contemplation de la nature, de l'art, sans goûts pour le faste ni les grands bruits (traître!).

Le récit présentera ainsi l'avis des seigneurs amateurs de ripailles et de chasses comme une affaire de goût, comme une affaire qui se discute.

Seulement, il ne peut être discuté l'avis du roi et comble de la situation, ironie étrange, le jeune roi pourra passer pour un tyran, malgré ses nobles intentions.

Comme le dit l'adage, "on ne peut obliger à boire un âne qui n'a pas soif et qui devra cheminer longtemps".

L'auteur nous exposera en filigrane qu'il est difficile d'être le roi (ou la tête pensante) d'un pays qui ne préfèrera que vivre pleinement, sans arrières-pensées, jouir de la dépense sans s'imposer la réalité des conséquences.

Le jeune seigneur ne contredisait pas le fait naturel de se faire plaisir. "Jouir, oui, mais jouir responsable!" (c'était votre temps de publicité obligatoire)

Il sera un peu difficile de penser que ces seigneurs aient bâti le royaume de leurs propres mains et qu'ils voulaient à présent vivre et se reposer (le prince soulignera les autres gens, en dessous).

Le désir du jeune prince sera teintée d'une morale vertueuse trop sincère.

Se montrer meilleur que la veille? Que c'est ennuyeux. Juste bon pour l'image devra t-on comprendre. Heureusement c'est l'affaire d'une prière ou d'une obole pour revenir dans les bonnes graces de la spiritualité sponsor.

Avec l'invitation à la chasse par les "nobles" pour convaincre le jeune roi de ses bienfaits sur la bonne santé d'un seigneur, on craindra un peu l'accident de chasse (mal)heureux qui offira un turn-over politique plus adéquat.

Comment cela va t-il finir?

Qui va devoir céder et revoir ses ambitions à la baisse?

La fin claquera d'une ironie cinglante, nous rirons d'un jaune au rose aux joues.

C'est un conte noir, le titre le dira bien et les adultes devraient aussi apprécier cette chute proche d'un épisode tv de "La quatrième dimension".

On pourra vous le confier, comme c'est un conte, Olivier Ka invitera aussi les fées à s'en mêler et il faudra faire attention à ce que l'on souhaite.

Ah ben bravo, les fées!

À la suite, une deuxième histoire tout aussi cruelle et aussi illustrée par Julien Martinière.

Pourquoi la reine Catherine aura dégusté son fils?

On aime bien.