ROSE-AIMEE, T.1: LA BELLE QUI PORTE MALHEUR/ BEATRICE BOTTET




EDITIONS DU MATAGOT
NOUVEL ANGLE
2010
9782354501327
16 ANS ET +

: Que les amateurs de l'auteure Béatrice Bottet ne s'y trompent pas, les aventures de Rose-Aimée sont destinées à un public plus mûr que celui de l'excellente Penelope Green.
Le ton est nettement moins policier et beaucoup plus mélodramatique.

La vie de Rose-Aimée surnommée Fifi-Bout-de-Ficelle n'est pas facile.
A un point où elle finira pas croire qu'elle se trouve bien mal prénommée.
Fifi-Bout-de-Ficelle est son nom de spectacle, Rose-Aimée travaille dans un cabaret à 20 ans où elle chante et danse.
Ce lieu pourrait être considérée pour les bourgeois comme malfamé mais il faut bien vivre.
Rose-Aimée a toujours voulu danser, juste danser, pour savoir, pour vivre un peu, s'amuser.
Chez la vieille Madame Colombel où elle faisait la lecture, tout cela n'était pas de bon ton et la jeune fille s'en trouvait préservé, bien confiné dans la demeure, entièrement dédiée à son activité de dame de compagnie lectrice.

Rose-Aimée est un personnage que les événements ont rendu émotive, passionnée, craintive avec la gente masculine, hâtive parfois dans ses jugements, de très bonne volonté et persévérante dans la protection de sa dignité. 
Les malheurs de ses chansons l'ont-ils frappé elle ou les autres?
Les deux.
Recueillie par son oncle, la pauvre jeune femme dut fuir son foyer après s'être défendue mortellement de ses assiduités déplacées. 
Madame Colombel la chassera la traitant de voleuse après que ses précieux bijoux aient un jour disparu.
Et après les cadavres ne cesseront de joncher son passage.
Rose-Aimée tiendra une solide réputation qui finalement arrangera ses affaires pour éloigner les messieurs violents et empressés de son cabaret des "Trois anges".
Bien malgré elle, chaque main qui tentera de soulever son jupon contre son gré finira en macchabée.

A cela, on peut expliquer peut-être le lieu où elle fut installée par un ami de fortune, un ancien couvent abandonné que l'on dit hanté par les religieuses qui y furent jadis décapitées. Rose-Aimée y croit dur comme fer et dit les avoir régulièrement aperçu déambulant dans le cloitre. D'autres esprits superstitieux également. La jeune fille pense être protégée par ses hôtesses de l'indélicatesse masculine.

Mais, lecteurs, l'auteure ne commence pas sa triste histoire ainsi.
Elle nous présente un autre héros qui deviendra la bouée de sauvetage de Rose-Aimée, contre son gré au début, puis consentie en faisant connaissance et sur preuve de chastes intentions au fil des rencontres qu'il provoque.

Martial Belleroche est un marin de 24 ans qui reviendra à Paris, missionné par un homme qui lui portera secours à San Francisco.
 Fuyant lui-même les mauvaises rencontres et plein de gratitude, Martial devra chercher une certaine Fifi- les-Gambettes, à qui cet oncle aurait confié un manuscrit précieux à caractère politique.
Il va y avoir quiproquo car notre Fifi n'es pas la bonne Fifi et Béatrice Bottet ménage bien les confidences entre les personnages et les révélations, donnant le temps à Martial et Rose-Aimé de s'apprivoiser.
Sauvée d'une nouvelle agression par Martial, horriblement mandatée par sa patronne elle-même, cette dernière peu scrupuleuse de lui faire adopter le rendement des autres filles et de l'humilier intimement, Rose-Aimée va douter de ce jeune homme qui s'intéressera à elle de trop près, qui la conduira en charrette tous les jours à cause de son pied foulé et qui le lui soignera.
Le personnage de Martial qui n'a plus grand chose à perdre, trouvant sa fortune ci et là, sera fort intrigué de cette jeune femme sauvage si différente du milieu qu'elle fréquente et l'envie lui viendra de creuser, jusqu'à se faire attraper le coeur.
Mais Rose-Aimée se laissera t-elle amadouer, saura t-elle reconnaitre un peu d'honnêteté et bien fondé entre ses convictions d'être maudite?
D'autant que les choses n'en resteront pas là avec l'agression de Rose-Aimée, il y aura de la vengeance sérieuse, un vrai contrat à mort sur la tête de son sauveur.

Le contexte misérable et dangereux d'une partie de Paris capté par Eugène Sue se retrouve en fond ici et suffira à compliquer l'existence de cette héroïne qui peinera à s'en sortir tant bien que mal pour subvenir à ses besoins, avec les moyens que son éducation lui ont fourni, avec la réputation que le destin lui a confectionné.
Béatrice Bottet prend vraiment le temps de faire s'exprimer ses personnages, qu'ils nous fasse découvrir pas à pas leur univers, les milieux qui les a vu naitre, grandir et leurs jardins secrets. 
Nous constatons l'évolution des échanges, sur la défensive, puis qui s'apaisent, qui se questionnent, se cherchent, se repoussent par doute puis qui ne veulent plus se quitter.
La chance a t-elle frappé enfin à leur porte?

Le sujet du bonheur possible vu sous divers angles par Rose-Aimée donnera l'occasion à l'auteure de tenir un discours qu'on pense lui être cher, après lecture de tous les tomes des Penelope Green. La raison de la femme.

Le thème du désir amoureux va être développé, abordé entre les personnages, au fur et à mesure que Rose-Aimée découvre enfin ce qu'il y a de bon à être honnêtement et sincèrement aimé.
Collant toutefois à l'époque historique, Béatrice Bottet offre le portrait fin, crédible, d'un personnage qui va gagner en maturité sur ses projets amoureux.
Elle ne veut pas de cet amour de gargote infâme, ni de l'amour imposé dans les bras d'un futur marié proposé par Madame Colombel pour le salut de son âme et de sa vertu.
Martial Belleroche, qu'a t-il a lui offrir?
Béatrice Bottet propose aussi un caractère masculin musclé, certe, mais aussi attentioné et sensible qui séduit la belle.
La perspective de l'auteure de cet amour sincère hors mariage et défendu par les tourtereaux devient résolument moderne dans la fiction, pour son personnage de Rose-Aimée, sans en faire l'apologie quelconque.

Le volume des plus de 400 pages devraient dissuader les grands ados peu lecteurs, intéresser les plus de 16 ans bons lecteurs, qui d'ailleurs trouveront un bon moyen de soutenir ici les lectures classiques sur la même époque du Paris du 19ème siècle plus arides grâce à sa dose de romance.
Ceux et celles qui arriveront au bout du tome un en soufflant de satisfaction ne trouveront aucun déplaisir à attaquer le deuxième tome, à bien supposer.




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BEATRICE BOTTET




AUTEURE



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