LA SAGA DE GRIMR/ JÉRÉMIE MOREAU

DELCOURT

2017

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A PARTIR DE 15 ANS ET +

: Une saga qui va se construire au fur et à mesure de notre lecture par la détermination de Grimr à qui l'on a promis un destin légendaire.

Pauvre enfant enlevé par des barbares islandais, Grimr leur fera vite regretter de l'avoir choisi dans le lot, emportant la ligne d'enfants enchaînés avec lui dans sa fuite.

Cela nous parait très clair, Grimr est une force étrange de la nature et l'auteur Jérémie Moreau ne cessera pas d'établir des liens symboliques entre l'enfant et le lieu qui l'adoptera finalement, l'Islande.

Une terre volcanique rude, silencieuse jusqu'à l'heure du grondement, un roc camouflant sa puissance, flamboyante et destructrice au dessous. A l'identique de Grimr.

Le petit Grimr est pris sous l'aile de Vigmar, un voleur poète qui verra en lui un vrai potentiel et un compagnon de route (puisqu'il ne sait pas d'où il vient).

Ce pauvre bougre est très paradoxalement un moins-que-rien, un roublard pour les gens du village vivant non loin de sa cache, et pourtant pour nous, il sera un incroyable philosophe, un as du verbe juché sur les épaule d'un Grimr adolescent taillé comme une montagne.

L'union fait la force et Vigmar saura créer leur bonne fortune.

C'est une drôle de figure paternelle et pourtant emplie de noblesse entre la ruse et les haillons.

Le texte est un délice, mitonné aux petits oignons, il y a de l'esprit dans les mots et peut-être aussi dans l'air, le jeune parait gagné d'une confiance surnaturelle, sûr de son destin promis par son père d'adoption. Rien ne doit se mettre en travers de son chemin, entre lui et les grandes choses qui l'attendent, Vigmar lui aura bien démontrer qu'il y a une pépite là où les autres ne voient que du charbon.

Les illustrations proche de l'aquarelle nous restituent un charme islandais sec et sauvage, curieux entre feu et glace, entre fascination et répulsion.

On ne s'ennuie pas une seconde en lisant, on se prend à rire parfois, à vouloir consigner des dialogues dans un carnet tellement ils sont bien écrits.

On sera vraiment très intrigué tout du long par le personnage de Grimr qui donnera l'impression d'être possédé par un esprit belliqueux, habité d'une force peut-être divine qui le rend infatigable et lui permet de déplacer des pierres et reformer des montagnes ( vous comprendrez en lisant).

D'un charme brut et magnétique, le jeune "ours" est capable d'amour si il le décide mais on le craint, il caresse et grogne tout autant.

La saga sera tragique, faite de trahisons, Grimr s'abandonnera hélas à la colère face à la dureté, la bêtise et la perfidie, il déchaînera les foules mais il n'y aura aucun bons partisans.

Grimr saura édifier sa pierre symbolique, on parlera bel et bien de lui et nous, lecteurs, refermeront la bande-dessinée très ému.

Nous préférions toutefois que la postérité se construise du vivant et sans entier sacrifice de soi car on s'est mis à bien l'aimer ce Grimr le roux.