LA PRINCESSE AUX PETITES NOIX/ EMILIE CHAZERAND ET ILLUSTRE PAR STEPHANE KIEHL

SARBACANE

2024

9782377319725

A PARTIR DE 6 ANS

: Un album qui aurait pu être publié par l'éditeur Talents Hauts (sauf que Talents hauts fait la part belle à la nature féminine, donc, il est heureux que l'éditeur Sarbacane puisse le sortir car il n'existe pas d'équivalent à l'éditeur Talents Hauts sur la sensibilité et la fierté masculine en direction des jeunes lecteurs).

L'idée de l'éditeur Talents Hauts est d'aider à poser, au travers de petits romans ou albums, un regard neuf, décomplexé, plus averti, respectueux et plus engagé, sur des sujets qui fortifieront la tolérance ou l'acceptation de soi et des autres.

Voici ce qu'il nous dit, qu'il existe plusieurs moules d'éducatifs différents mais que les filles pourront choisir d'être ce qu'elles veulent si on leur en laisse la liberté (et pour cela, il faudra développer le sujet et ponctuer ces lectures divertissantes d'exemples. Car la liberté, ça ne s'invente pas et pour vulgariser les situations, sensibiliser sur un raisonnement, il faudra raconter, de manière claire, pertinente, délicate, à niveau, quand certaines du public cible n'auront connu que l'interdit).

"La princesse aux petites noix" suivra cette voie d'en parler avec humour et bienveillance, avec l'aventure d'un petit prince qui préférera la frivolité à la guerre.

L'auteure Emilie Chazerand jettera son habituel grain de fantaisie dans cette nouvelle proposition, jouant irrésistiblement sur les mots, la douce irrévérence, sans vulgarité.

Otto portera un nom aussi viril et germanique que notre très regretté Karl (Lagerfeld) et partagera avec lui sans doute le goût de la mode.

Nous pourrons en juger sur la première de couverture avec l'illustration de Stéphane Kiehl, avec un Otto un peu "fillette" qui défilera en haute-couture de mailles.

L'auteure poussera un jour, comme le veut la tradition, deux princes l'un fasse à l'autre pour l'honneur du royaume (et cela devrait faire saigner du nez).

Pourtant, les deux princes préféreront l'amitié (mais aussi le plaisir des arts délicats).

Emilie Chazerand posera une situation qui ne déviera pas de sa trajectoire, sortant du jugement, proposant des parents bienveillants, aimants, qui à priori regarderont aussi avec les yeux de l'amour, laissant à Otto ses excentricités et ne cherchant pas à le brimer sévèrement pour ses tenues non règlementaires et ses cheveux trop longs.

Ainsi, les jeunes lecteurs se poseront la question, car l'histoire de Otto dépassera bien la fiction, il faudra bien le reconnaitre, tant beaucoup reconnaitront cette situation dans leur entourage amical ou familial.

Il est évident que la lecture de ce titre deviendra un acte militant et que les parents qui s'empareront de cette aventure drôle suggèreront aussi à titre éducatif que cela existe et que cela n'implique aucune réaction agressive de la part d'un enfant.

Il y a des garçons adultes et des plus jeunes qui ont cette sensibilité et c'est comme ça.

L'album fera rougir les garçons sur une impression d'interdit et de ridicule, mais fera aussi réfléchir (et plus on le lira, plus ils seront rassurés sur le fait que ce sujet n'est pas un tabou ou n'enverra personne six pieds sous terre).