UNE TRACE DANS LA NUIT/ CATHERINE CUENCA






TALENTS HAUTS

2025
9782362667329
À PARTIR DE 16 ANS




: "...Violette avait alors compris ce qu'on attendait des déportées comme elle. On ne les tuerait pas tout de suite. Le poteau d'exécution était une punition trop douce aux yeux des SS pour celles qui avaient osé défier l'Allemagne nazie. Non, elles devraient servir leurs ennemis et souffrir sous leur domination jusqu'à la dernière extrémité. Elles mourraient alors dans l'anonymat et l'indifférence. C'était leur destin de prisonnières NN, Nacht und Nebel: disparaitre comme la nuit et le brouillard, sans laisser de trace de leur existence..."

"Une trace dans la nuit" mettra à l'honneur les femmes héroïques - normal, c'est la collection de l'éditeur Talents hauts - et plus particulièrement trois personnages tirées cette histoire vraie de la sombre période 43 :
- trois femmes, retors parmi les prisonnières de Ravensbrück et pourtant jugées qualifiées pour assister les plus faibles d'entre elles. En gros, "si vous êtes ici et que vous songez à vouloir sauver le monde, n'oubliez pas qui vous êtes ici".
Voici leur châtiment, pour les briser, le temps de cette incarcération dans le camp et jusqu'à l'usure psychologique, elles seront interdites de soigner. Dans les bunkers et le mouroir où l'on prétendait y soigner les femmes malades, Violette, Louise "docteur Loulou" et Jacqueline "Jackie" seront garde mourantes.

Certaines avaient des connaissances médicales, d'autres étaient bel et bien diplômées.
Le roman de Catherine Cuenca illustrera une énième façon stratégique et cruelle de faire mourir l'espoir quand des opposants sont encore en attente d'être sauvés après une nouvelle volée de coups.
Le camp pour femmes leur offrira une promotion où elles pensaient pouvoir soutenir les plus amochées par la tuberculose, la fatigue ou la dépression, un endroit dont on parlait peu mais dont on veillait à véhiculer des rumeurs fausses pour animer l'imagination sans en faire trop et offrir la preuve de ce qui se passait ici. Il y avait la certitude, on le comprend, qu'aucune de toutes ces femmes ne s'en sortiraient. Mais...on ne sait jamais.

Et pour preuves. Le roman racontera de quelle manière Violette qui aimait le dessin mis au point des collections de preuves, volant des mines de crayons, cachant des bouts de papier divers dans ses bas, avec l'assistance de ses deux camarades.
Il fallait que le monde sache ce que les nazis avaient fait aux femmes allemandes jugées ennemies du pouvoir, aux femmes étrangères des zones occupées, victimes d'être juives, handicapées ou lesbiennes.
L'hygiène réduite au minimum, occupée à travailler sans relâche pour leur oppresseur, interdites d'être malade.

Les faits sont durs mais bien abordés pour un public de grands ados par Catherine Cuenca.
Parler et reparler des purges de camps nazis n'est pas agréable, c'est un des summums de la cruauté et des exterminations de masse infâmes.
Mais, le temps, la réflexion nous accorderont à nous cette chance, leur protection, face à la perspective réaliste, horrible et psychologiquement traumatisante (si nous n'avons rien vécu d'approchant).
Les témoignages permettront d'ajouter du crédit et de discerner la réalité du fantasme: nous, peut-être encore innocents des actions impensables qui peuvent être conduites par la haine et la frustration, nous pourrons imaginer que cela se soit passé, que cela arrive, que l'homme peut être un loup pour l'homme dans des conditions de tensions extrêmes, exceptionnelles et puis se préserver de cette pensée pour se protéger, puis passer à autre chose. Chacun a le droit d'être heureux, il est vrai.
C'est donc à ce titre que nous n'oublierons pas de temps en temps tous ceux et celles qui auront été privé de ce droit d'être heureux en classant simplement sans suite et surtout en osant reproduire de près ou de loin ces erreurs de jugement sur le crime organisé de masses, ses complicités spécifiques.
On parle bien de plus de génocide.
Le roman le traitera bien, c'est poignant, des femmes victimes du mépris, du jugement formaté et inhumain d'une politique eugénique:
- il y avait les bourreaux et puis ceux qui voulaient survivre, en agissant comme des bourreaux et qui finiront dans cette folie collective par y prendre du plaisir, par profiter de ne pas être dans le camps des "faibles", par céder à la tentation de l'interdit immoral en d'autres temps, d'asservir à son tour son prochain d'un pouvoir, d'une pression.
On pourrait parler de féminicide aujourd'hui, mais ici, à une autre époque, il s'agira particulièrement de femmes louves collabo' qui seront mises symboliquement au banc des accusées au même titre que les hommes.


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CATHERINE CUENCA

AUTRICE
https://www.babelio.com/auteur/Catherine-Cuenca/65239

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CE QU'ILS EN DISENT?
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