LA FILLE D'AVRIL/ ANNELISE HEURTIER

CASTERMAN

2018

9782203166783

A PARTIR DE 16 ANS

: D'emblée, dès la quatrième de couverture et les premières pages, nous sommes pris d'intérêt pour la perspective qui fera de notre héroïne une coureuse.

Cette course n'est pas une fuite, l'auteure Annelise Heurtier, nous le fait comprendre de façon sensible, trouvant les mots justes par le biais de son jeune personnage, Catherine.

La course, c'est la prise sur le réel.

À cette époque de 1966, l'adolescente ressent le doux sentiment de s'appartenir, dans toute sa personne.

Mais cette émotion est-elle si douce?

C'est en réalité un feu, une excitation puissante, une action qui fait remettre à niveau ce que les convenances taisent ou nient selon les pensées secrètes du personnage.

À deux ans de 1968, la graine de l'émancipation féminine est bien semée, même dans la petite campagne de Catherine.

Annelise Heurtier voit plus large et avant d'en venir au fait principal du roman, prend le temps de contextualiser l'affaire car l'époque est importante.

Ce roman ado de ce fait s'inscrit bien dans la veine de tous ces romans jeunesse qui ont célébré et remis en perspective la révolution de Mai 68.

Comme le dit l'auteure, ça ne sera pas la Fille de Mai 68 mais l'aventure de la Fille d'Avril.

Annelise Heurtier offre en plus des aspirations nouvelles de Catherine une rétrospective des moeurs d'époque et là, ça n'est probablement pas de la fiction.

Il est intéressant pour les lecteurs ados de voir où finalement nous en sommes à présent de cet "âge d'or" pensé à la veille de Mai 68.

J'apprécie particulièrement cette auteure qui s'attache à nous restituer avec un talent qui donne aimer à lire les histoires fortes, marquantes et des contextes véridiques.

Il y a aussi les petites choses qui obnubilent.

Nous nous interrogeons, les Pacotilles? Qu'est-ce donc?

Nous sourions beaucoup de "cette fille dite perdue courant dans les prés".

Catherine, 15 ans, tente de se resituer comme future jeune femme avec son époque, avec ses désirs de courir.

Qu'en disent les autres?

Les copines, ses parents ouvriers, les commerçants qui l'hébergent au repas du midi, les parisiens chez qui elle garde des enfants, les journaux et papiers qu'elle lorgne du coin de l'oeil.

Grand dieux que ces informations sont dites sulfureuses.

Il est difficile de définir "la fille comme il faut" dans un monde en transition.

AnneLise s'inspire pour sa fiction du vrai destin de Kathrinee Switzer, cf. son site:

"Il y a 51 ans, en 1967, Kathrine Switzer bravait les interdits de l'époque en s'inscrivant (avec seulement ses initiales et nom de famille) au Marathon de Boston, qui, comme toutes les autres épreuves de course à pied excédant 1500 m, étaient interdites aux femmes.

Quand des membres de la fédération réalisèrent qu'une femme ( OMG, une FEMME !!! ) s'était introduite dans la course, ils se jetèrent sur elle pour l'empêcher de continuer, donnant lieu à une série de clichés devenus célèbres."

Le roman est un coup de coeur de l'année 2018.