LA PASSE-MIROIR, T.1: LES FIANCÉS DE L'HIVER/ CHRISTELLE DABOS




GALLIMARD JEUNESSE

2016

9782070582617

A PARTIR DE 12 ANS ET +



: Le volume est impressionnant. Mais nous ne perdons pas espoir d'en venir à bout et avec intérêt.

Nous aurons ainsi aussi le temps d'intégrer ce monde de fantasy, avec autant de chapitres. Le verre à moitié plein. C'est plutôt une bonne chose, surtout si les premières pages vous captent rapidement, ceci ne passera plus pour une punition.

L'environnement n'est pas encore bien défini sur les premiers chapitres. Nous glanerons ci et là quelques informations: c'est un monde différent du nôtre où certaines villes profitent d'une civilisation moderne, d'archives municipales et de musées. Elles se développeront autour de clans, des familles qui elles-mêmes se rassembleront autour d'immenses arches ( le terme est symbolique) mentionnées à plusieurs endroits de ce monde.
Ce n'est pas un univers patriarcal mais matriarcal: le pouvoir est remis entre les mains des femmes.
Nous serons dans l'imaginaire et d'ailleurs la première de couverture ne démentira pas, avec une cité entière en suspension parmi les nuages.


L'intrigue première.
La jeune héroïne Ophélie va se marier.

La famille d'Ophélie a la règle très stricte de ne se marier qu'avec des cousins ou des cousines. C'est ce qui est de bon ton de se faire dans la cité d'Anima, une famille, une force.
Un choix de consanguinité préservant sans doute des talents spéciaux qui ne devraient pas se perdre, comprendrions-nous surtout.
Les jeunes lecteurs seront surpris de cette tradition qui n'est pas forcément partagée au sein des foyers de jeunes lecteurs en France et sur leur conception. Pourriez-vous vous marier avec un de vos cousins, mesdemoiselles ?
Et bien, sachez-le, la France et bon nombre de pays n'interdisent pas l'union avec des cousins au 1er degré.
Nous étions curieux et nous avons interrogé Wiki, nous offrant ainsi une courte pause sur la lecture du récit. Concernant l'union et la consommation dans une même famille:

"... En France, avant la Révolution, le droit applicable était celui de l'Église.

De nos jours, le mariage est interdit si les deux personnes prétendant au mariage sont :
frère et sœur, même en cas d'adoption (la loi sur le mariage homosexuel a précisé que le mariage entre frères ou entre sœurs est également interdit) ; ascendant et descendant (le lien de parenté est direct entre enfant et parent), même en cas d'adoption ; entre beaux-parents (parâtre, marâtre) et beau-fils ou belle-fille (ex. : une fille d'un premier mariage et le deuxième mari de sa mère). Cette interdiction peut être levée par le président de la République si la personne qui a créé l'alliance est décédée (la mère et épouse par exemple). Toutefois en pratique certains mariages ont pu être célébrés ; oncle et nièce, ou neveu et tante (interdiction qui peut être levée par le président de la République)..."

En revanche:
"... Le droit français autorise cependant le mariage entre belle-sœur et beau-frère, entre cousins, entre oncle et nièce adoptive et entre tante et neveu adoptif..."

Quelle drôle de tradition.
Le grand-oncle d'Ophélie est surpris que la haute autorité de leur clan transgresse la tradition de la fiction et autorise cette fois un mariage de convenance avec un autre clan et très éloigné de surcroit(Mieux, Moins bien ? Nous aurions envie d'en rire mais chhht! Ca commence...).
Cela ne peut-être que politique mais nous ne connaissons pas encore les détails, les termes du contrat de mariage et le fonctionnement de ce monde.
Ne jugeons pas trop hâtivement, le roman nous réservera peut-être ce que l'on nomme communément le conte de fée, la révélation toute éveillée grâce à un amour sincère et partagé, même par l'entremise de "marieuses" ( vous comprendrez ainsi la colère de Thorn le fiancé).

C'est un monde de magie.
Dès le départ, l'auteure Christelle Dabos en imprègnera toute son atmosphère, les maisons seront vivantes, ressentiront, certains personnages pourront reconstituer les objets brisés ou passer au travers des miroir comme on traverse des portes.

C'est un des talents d'Ophélie, elle passe les miroirs et parfois voyage sur de courtes distances.
Ceci devrait faire rêver et rassurer en tous cas son grand-oncle qui craint de ne plus la revoir de sitôt avec les prévisions de son mariage à l'autre bout de leur monde, dans le Grand Nord et avec un autre clan.

L'auteure ne nous décrira pas Ophélie comme une jeune fille à la beauté renversante et bénie de qualités "princières". C'est une férue du savoir et bien qu'un peu chiffon et maladroite, elle est bonne dans sa spécialité de conservatrice et d'historienne. Bien moins préoccupée par son apparence un peu négligée que sa soeur Agathe, Ophélie préfèrera de loin creuser sous l'apparence, en priorité des objets, puis celles des personnes, son autre don, celui de Psychométrie, lui ouvrira l'histoire des objets rien qu'en les touchant.
Cela nous semblera un personnage sensible. Ophélie s'est fixée toute une déontologie pour préserver l'intimité, elle portera toujours des gants.
Son futur mari sera t-il un prince charmant ou un bourreau pour les prochaines années de sa vie? Ses mains ne pourront lui mentir.

Quelques chapitres et nous prendrons de la vitesse, nous nous trouverons rapidement déja dans le Nord glacé, dans l'univers diamétralement opposé du futur marié.
Les échanges froids des futurs et tendres donneront du piquant à l'affaire, lui si abrupt, sans manières à la façon d'un chasseur barbare et elle si fragile, délicate, bien éduquée. Le choc des cultures.
C'est tout juste si sa nouvelle famille d'adoption ne lancera pas les paris en cachette sur ses jours comptés parmi eux à cause du grand froid du lieu, misant sur la force de caractère du peuple d'accueil pour n'en faire qu'une bouchée.

Ophélie n'aura pas pour autant sa langue dans sa poche, le mariage lui étant imposé à elle aussi. C'est une question d'honneur. Nous avons hâte de connaitre ces fameux termes du mariage que l'auteure Christelle Dabos nous cachera et qui impliquerait d'innover les us et coutumes de deux familles.
Thorn s'efforcera aussi de dissimuler ses futurs projets d'union à son peuple et imposera la plus haute discrétion. Qu'auront-ils tous à y gagner?
Une autre question nous taraude: Thorn, le fiancé taciturne détient-il également un talent spécial?

Nous pensions être dissuadé par les longueurs du premier chapitre et nous voici accroché.
Cela se lit vraiment vite et bien.
Des images se formeront dans notre esprit et cela participera à nous motiver pour faire défiler les pages.
L'auteure a un vrai talent pour distiller tous les ingrédients d'un récit dystopique et politique sous un filtre enchanteur. Avec l'écriture, nous n'avons pas l'impression d'y être et pourtant c'est le cas, parce qu'elle exempt l'agressivité, la violence et surtout une forme descriptive d'insensibilité mordante.
Avec toutes les belles sensations que nous procure les descriptions et le talent d'Ophélie, nous nous ferons agréablement avoir et pénétrerons dans une zone d'intrigues royales à la bonne mode, peut-être mortelle dès qu'il s'agit de prendre le pouvoir sur un royaume.
Ophélie, habituée à la modernité urbaine, devra intégrer tous ses facteurs, mise sur le fait accompli qu'en épousant Thorn, il lui en coûtera possiblement doublement, dans les recoins de ce nouveau royaume céleste et peut-être dans la couche d'un jeune homme affuté comme un couteau qui ne veut pas d'elle.
Nous sommes agréablement surpris et nous avouons, cela se mange sans faim. Le pavé passera tout seul.




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CHRISTELLE DABOS



AUTEURE

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CE QU'ILS EN DISENT?

https://www.babelio.com/livres/Dabos-La-Passe-Miroir-tome-1--Les-Fiances-de-lhiver/495755

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