AMELIE GRAIN DE FOLIE/ AGNES DE LESTRADE ET ILLUSTRE PAR JUDITH GUEYFIER





SARBACANE
2011
9782848648654218
A PARTIR DE 8 ANS


: Il n'y a pas à dire, cette Amélie est une excentrique.
Avec son petit tutu rose couvrant en corolle sur ses leggings, tissus pailletés de bulles de savon écarlates.
Son t-shirt spirale donnerait presque le tournis.
Il est probable que sa maman du livre lui ait permis de choisir ses vêtements, qu'elle respecte sa petite personnalité haute en couleurs.
Nous la devinons créative dans ses jeux, pleine d'imagination cette Amélie.

Que fait-elle à traîner sa chaise derrière elle comme on tire son cabas à roulettes?
Il est sûr que le cabas à roulettes attire moins les regards et les questions que la chaise sur laquelle elle se perche.
A qui appartient cette petite?

"Parfois, elle s'assied pour regarder passer les gens. Parfois, elle grimpe dessus pour voir le monde d'en haut."

Amélie a le petit grain, celui d'une folie douce, un imaginaire qui tapisse les double-pages pour nous faire franchir son univers exubérant.
Le texte est lui-même poétique, accompagnant les images en tango serré.
"Elle a vu des grains de folie qui dansaient."

Me vient aussitôt l'image mentale d'une valse aérienne, de légères aigrettes, des pissenlits "dents-de-lion" tout blanc.

Amélie a son monde bien à elle.
On le voit. Le décor se transforme autour du quotidien banal.
Agnès de Lestrade nous montre la vision des choses par le bout de la lorgnette de Amélie et la petite semble prendre les contrariétés d'un meilleur pied que les gens qu'elle croise, du haut de sa jeunesse perchée sur une chaise.

L'auteure nous représente un entourage qui a oublié de voir la vie du bon côté, qui laisse s'échapper l'air frais, ce petit vent de folie qui fait sourire.
Notre Amélie joue les magiciennes, indique du doigt où se cache le bon côté, rangé la-haut à gauche, déterre quelques bons souvenirs envolés et retient un peu de souffle au passage.
Et ainsi, nous avons une histoire où la magie se répand doucement et où tous les personnages se trouvent au final à lever la tête.

Tiens? Le ciel est bleu, comme dans mes souvenirs.
Les mots d'Agnès de Lestrade et les couleurs de Judith Gueyfier ne nous offrent pas nécessairement une chaise (quoi que cela soit très utile pour s'accorder des pauses salutaires), ils nous invitent à prendre de la hauteur.
L'angle pris pour cette histoire est intéressant, il met par ailleurs aussi en vedette les petits bouts de chou vivants et créatifs.

J'aurais parié pour un album des éditions Rue du Monde, pour cet onirisme doublé de philosophie, mêlant réalité urbaines et fantaisies colorées et assez seventies.
Et bien non, c'est chez Sarbacane et c'est à découvrir.









Puisque l'humeur éditoriale est à Mai 68, date anniversaire, pourquoi ne pas suivre le mouvement et souligner cette fin d'album d'un classique musicale un peu d'époque qui illustre bien ce qui est suggéré la-haut, en chronique, en double-lecture: 
Michel Fugain et le Big Bazar, "Fais comme l'oiseau" (1972)

"Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut

Mais je suis seul dans l'univers
J'ai peur du ciel et de l'hiver
J'ai peur des fous et de la guerre
J'ai peur du temps qui passe, dis
Comment peut on vivre aujourd'hui
Dans la fureur et dans le bruit
Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu

Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut

Mais l'amour dont on m'a parlé
Cet amour que l'on m'a chanté
Ce sauveur de l'humanité
Je n'en vois pas la trace, dis
Comment peut on vivre sans lui ?
Sous quelle étoile, dans quel pays ?
Je n'y crois pas, je n'y crois plus, je suis perdu

Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut

Mais j'en ai marre d'être roulé
Par des marchands de liberté
Et d'écouter se lamenter
Ma gueule dans la glace, dis
Est-ce que je dois montrer les dents ?
Est-ce que je dois baisser les bras ?
Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu

Fais comme l'oiseau
Ça vit d'air pur et d'eau fraîche, un oiseau
D'un peu de chasse et de pêche, un oiseau
Mais jamais rien ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut."



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AGNES DE LESTRADE



AUTEURE


ET

JUDITH GUEYFIER




ILLUSTRATRICE


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CE QU'ILS EN DISENT?


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